Plus qu’une simple invention, la remorque distributrice de farine de Jean-Louis Gallien et son fils Louis-Baptiste symbolise la renaissance de leur ferme. Dans les années 2000, Jean-Louis élève des charolaises sur son exploitation de Bussy-la-Pesle (Cô­te-d’Or) lorsque son troupeau est touché par la tuberculose. Au traumatisme de voir toutes ses bêtes disparaître vient s’ajouter un épisode de gale sur son nouveau troupeau. « Je n’avais jamais connu de problème parasitaire avant et c’est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase », se souvient l’éleveur.

Jean-Louis prend alors une décision radicale : arrêter les vaches et se lancer dans le porc bio élevé en plein air et vendu dans des Amap. Son fils, Louis-Baptiste, le rejoint dans l’aventure. Le pari de la reconversion est gagné mais les deux éleveurs sont rapidement confrontés au problème de la pénibilité de l’astreinte d’alimentation. En effet, pour installer ses animaux loin des habitations, Jean-Louis a défriché 8 hectares en sommet de colline. Il faut chaque jour parcourir 3 kilomètres de route pentue pour amener de la farine aux 100 à 150 porcs présents en permanence. « Je transportais les seaux dans un godet monté à l’avant du tracteur mais le vent me faisait perdre une partie du chargement et il fallait passer les seaux à la main au-dessus de la clôture, ce qui était épuisant », précise Jean-Louis. Aucune solution n’est disponible sur le marché, l’élevage de porc en plein-air étant encore peu développé.

De nombreux essais

Motivés, père et fils se lancent dans la conception d’une distributrice. « Nous voulions investir le moins possible. Nous avons donc échangé une remorque à vendange contre des porcelets à un viticulteur », s’amuse Louis-Baptiste. Une vis sans fin pour les céréales est ajoutée pour convoyer le produit hors de la remorque et le distribuer. « Il a fallu jouer de la disqueuse pour que la petite vis arrive bien au bout de la grosse vis sans fin, précise Louis-Baptiste. Au sommet de la goulotte de distribution, le moteur qui entraîne la vis est aussi de la récupération. En revanche, les courroies sont neuves. »

Avant d’arriver à cette version définitive, les éleveurs ont procédé à plusieurs essais. « Au début, je pensais utiliser un convoyeur mais la farine est tellement légère que le vent perturbait la distribution, se souvient Jean-Louis. La vis est une meilleure solution. Mais ce qui nous a créé le plus de problèmes, c’est la consistance même de la farine, qui forme une voûte et ne descend pas sur la vis. Un ami mécanicien nous a aidés à fabriquer un malaxeur sur mesure pour contrer ce phénomène. »

Avec leur invention, les deux éleveurs peuvent embarquer 800 kg d’aliment, soit l’équivalent de 80 seaux pour trois à quatre jours d’autonomie. La remorque se bâche pour protéger le chargement.

Maintenant qu’ils ont pris goût au confort, les Gallien veulent équiper leur descente d’aliment d’un tuyau rigide et de vérins « pour éviter de faire des manœuvres autour des auges ».

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