C’est un accident qui aurait pu avoir de graves conséquences. Lors d’une intervention sur le troupeau de Patrick Dauteloup, éleveur allaitant à Rémilly (Nièvre), le vétérinaire a reçu un coup qui l’a handicapé pendant un mois. Pour l’agriculteur, passionné de bricolage, qui a réalisé la plupart du matériel de contention et des bâtiments sur son exploitation, c’est le signe qu’il faut inventer un dispositif de protection. « Je partais de zéro puisqu’aucun système équivalent n’existait sur le marché et j’avais un cahier des charges assez strict, se souvient Patrick. Je voulais trouver un procédé pratique et fonctionnel sans avoir à ouvrir et fermer les barrières intérieures et ne pas souiller l’aire paillée avec des engins lourds. »

Il a alors l’idée de concevoir un système attelé sur le relevage 3 points du tracteur et circulant dans le couloir d’alimentation, avec suffisamment de portée pour se placer derrière les vaches bloquées aux cornadis.

Bases de pulvérisateur et chargeur

Pour concrétiser son idée, Patrick a besoin d’un dispositif capable de passer au-dessus du cornadis, avec une précision suffisante pour ne pas effrayer ou blesser les animaux. « J’ai eu l’idée d’utiliser un berceau de chargeur frontal. Pour le support, j’ai recyclé le bâti d’un vieux pulvérisateur. Entre les deux, j’ai conçu une partie pivotante à partir de ferraille de récupération. Cette fonction est indispensable pour entrer dans la stabulation avec l’appareil placé dans l’axe du tracteur, puis le faire pivoter ensuite de 90° au-dessus des cornadis », précise Patrick.

Jamais à court d’idées, il utilise un vérin de variateur récupéré sur une moissonneuse-batteuse pour piloter la rotation du chargeur sur le bâti du pulvérisateur. Le chargeur est prolongé par deux bras en acier qui fournissent la longueur nécessaire pour passer derrière l’animal. L’engin est complété par un cadre vertical sur lequel Patrick a fixé les panneaux de protection, ainsi qu’un marchepied antidérapant de type caillebotis. Ce cadre coulisse sur les bras horizontaux, ce qui permet d’adapter le dispositif de protection à différentes tailles d’animaux, en fonction des lots et des races. « Mon invention bloque deux ou trois animaux, selon leur gabarit, constate Patrick. Lorsque les animaux tapent, c’est dans la plaque de protection. De plus, le marchepied fait gagner de précieux centimètres au vétérinaire. »

Pour la prophylaxie, l’éleveur bloque tout son lot au cornadis, déploie la machine et prend place derrière le volant du tracteur, pendant que le vétérinaire effectue ses injections en sécurité. Dès que les animaux bloqués par l’invention de Patrick sont traités, le tracteur avance de quelques mètres et le vétérinaire, qui est resté sur la plateforme, intervient sur les trois suivants.

Désormais jeune retraité, Patrick a pris le temps de breveter son invention et compte mettre à profit son temps libre pour essayer de la commercialiser.

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