Clôture Dossier « Mon enfonce-pieux s’incline dans toutes les directions »

«Quand je me suis installé avec mes parents en 2015, nous avons eu plus de 3 000 pieux à enfoncer », se souvient Alexandre Blin. Agriculteur sur 115 hectares à Crannes-en-Champagne, dans la Sarthe, il élève une soixantaine de vaches laitières.

Le chantier pharaonique qui attend Alexandre et son père avec la mise en place des piquets en châtaignier l’incite à réfléchir à une solution maison. « Les enfonce-pieux du commerce ne convenaient pas forcément à notre cahier des charges, constate l’agri-inventeur. Nous avons beaucoup de pâtures très vallonnées et nous voulions une machine capable de s’incliner en 3 D. »

Qu’à cela ne tienne, Alexandre se lance dans la fabrication de son propre outil. Sa formation de soudeur et ses cinq années passées à exercer cette fonction chez un fabricant de véhicules agraires sont un atout de taille. « J’avais quatre objectifs : construire un matériel costaud, l’atteler sur le chargeur frontal pour le déplacer facilement, ne pas négliger la sécurité et, enfin, que cela ne nous coûte quasiment rien », résume Alexandre.

Le professionnel du recyclage

Afin de limiter le coût de son invention, Alexandre multiplie des opérations de recyclage sur du matériel de récupération. Il écume notamment les petites annonces pour repérer les désileuses d’occasion, afin d’en extraire le circuit hydraulique. Le reste de la machine est un inventaire à la Prévert. « La base de l’enfonce-pieux est un godet Faucheux que j’ai recoupé. Les commandes hydrauliques et deux vérins proviennent d’une désileuse, un autre vérin a été démonté sur un frein de benne, la poulie au sommet de la machine a été récupérée sur une faucheuse et les poids pour frapper le piquet sont deux porte-masses de tracteur de 200 kg. Le tout est monté autour d’un IPN. L’enfonce-pieux est animé par la troisième fonction du chargeur frontal. « C’est le point faible de mon système, concède Alexandre, puisqu’il faut obligatoirement une personne au volant, en plus de celui qui place les piquets. »

Afin de ne pas lésiner sur la sécurité, Alexandre a conçu un système de verrouillage des masses en position haute. Le verrou est libéré par l’opérateur lorsqu’il est en sécurité, sur le côté de la machine, et donc en mesure de manipuler la commande. À partir des commandes hydrauliques extérieures, Alexandre peut incliner la machine latéralement et d’avant en arrière. Le jeune inventeur a aussi fignolé les détails. « J’ai ajouté une graduation sur le côté, qui nous permet de contrôler la profondeur de travail, et le vérin de benne me sert à maintenir le piquet en place, toujours pour assurer la sécurité », précise Alexandre.

Son enfonce-pieux maison vient rejoindre l’impressionnant parc de matériel qu’il a déjà fabriqué, dont une affûteuse à piquets, une cuve anti-incendie pour la presse, une porte de salle de traite et un moule pour fabriquer les murs de silos.