La présence de Paul Champouillon sur le podium de notre concours n’étonnera pas grand monde. Ce jeune agriculteur de 22 ans, fraîchement installé sur une exploitation de polyculture et élevage laitier à Roville-devant-Bayon (Meurthe-et-Moselle), est une figure bien connue dans le milieu des agri-inventeurs. Nous l’avions déjà rencontré en 2018 lorsqu’il mettait à profit les vacances scolaires pour construire son propre déchaumeur et commercialiser ses outils de manutention sur Facebook.

À l’époque, il venait d’acheter une vieille distribution Accord et nourrissait le projet de construire son propre semoir. Quatre ans plus tard? c’est chose faite avec un appareil de 4 mètres. « Nous avons pris le virage du semis direct, explique Paul. Pour la première campagne, nous avons loué un Primera d’Amazone. Le principe nous convenait bien mais le prix était trop élevé pour une ferme comme la nôtre et, surtout, il n’était pas disponible en version portée, ce qui est indispensable dans nos conditions souvent difficiles. » Paul se lance alors le défi de fabriquer sa propre­ machine.

Une vingtaine de prototypes

Le jeune inventeur commence par construire le châssis, « ce qui rétrospectivement était une erreur car on est ensuite contraint par cette structure, regrette-t-il. Ce serait à refaire, je commencerais par développer les éléments. » Pour cette partie, Paul multiplie les essais. « Au total, je pense avoir réalisé une vingtaine de prototypes d’éléments. J’ai même envisagé de monter le parallélogramme dans l’autre sens mais les contraintes mécaniques étaient trop importantes », affirme l’agriculteur.

Son semoir embarque 20 éléments espacés de 20 cm. Tous sont bridés sur le châssis afin d’être facilement démontables et déplaçables. Paul s’impose dès le début d’avoir des éléments absolument identiques afin de ne pas compromettre la qualité du semis. Comme cette performance est compliquée à atteindre dans l’atelier de la ferme, il réalise ses plans sur son PC puis prend la direction des ateliers de Costa, un constructeur local, dont le dirigeant est devenu son mentor et ami, pour bénéficier d’outils professionnels, « notamment pour la découpe et le cintrage du parallélogramme ».

Pour l’élément, il n’est pas question d’utiliser de la ferraille de récupération et Paul a opté pour un support de dent en Hardox. « La dent donne une belle levée et je constate au travail que les débris qui se trouvent autour de la dent se font happer par la roue, ce qui est idéal. » Sur chaque élément, un ressort fait office de butée basse. À l’avant, Paul a monté une trémie de récupération et fait appel à Softivert pour le boîtier, qui est en mesure de gérer quatre distributions simultanées.

« À terme, j’envisage de monter une autre trémie pour faire de la fertilisation liquide. Mais? pour le moment, mon objectif est d’améliorer notre confort au quotidien en automatisant la distribution de l’aliment aux génisses. »

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Concours agri-inventeurs  : Notre palmarès des 20 meilleures réalisations