Donner la parole aux anciens, prendre le pouls de leurs souvenirs. Tel est le projet sur lequel les étudiants en BTS « développement et animation en territoires ruraux », du lycée de Carpentras, ont planché pendant deux ans, avec Bachir Chaib-Eddour, leur enseignant.

Ce travail a débouché sur un documentaire captivant et émouvant, intitulé Mémoire paysanne en Vaucluse de 1950 à 1980. Au printemps 2017, caméra à l’épaule et micro en main, ils sont partis à la rencontre de seize agriculteurs à la retraite. « La section des anciens exploitants de la FDSEA nous a demandé de réaliser ce film », explique Bachir Chaib-Eddour. Durant 1 h 15, maraîchers, arboriculteurs et vignerons y livrent leur histoire : leur arrivée sur les exploitations, l’achat des premiers tracteurs, la construction des serres en plastique chauffées. « Tout cela sans l’appui des conseillers agricoles car ils n’existaient pas », explique Maurice Rigot. Étonnant de jeunesse à quatre-vingt-deux printemps, l’homme a été l’un des premiers, avec son frère, à édifier ces tunnels sous-abri.

Pour une agriculture durable

L’autre révolution majeure relatée est celle de l’agrochimie. « Au sortir de l’après-guerre, on a confié aux paysans que nous étions la mission de nourrir la population, remémore Raymond Ughetto. Nous n’avions pas conscience des problématiques environnementales comme aujourd’hui. » Jalonnés d’images sur les paysages vauclusiens, ces témoignages se confrontent à l’agriculture actuelle. « Elle doit être durable, poursuit-il. Il y a des solutions. Peut-être pas assez, mais cela viendra. » Aux jeunes qui souhaitent s’installer, Yves Entat conseille : « Il faut être moderne. Mais attention, la nature a des droits, il faut les respecter. »

Ce documentaire sera diffusé en mai prochain lors du festival Ventoux saveurs. Chantal Sarrazin