Sur les deux sites qu’exploite Jacques Hicter dans l’Aisne, les parcelles sont regroupées d’un seul tenant, ce qui lui a permis de mettre en place un système favorable à la biodiversité. Il accueille notamment des insectes auxiliaires, et le gibier (perdrix, faisans…) s’est naturellement réimplanté.
Des haies étaient déjà présentes mais l’agriculteur en a ajouté 9 km avec des essences locales. Il sème aussi chaque année 11 km de bandes enherbées. « Tous mes champs mesurent au maximum 12 à 15 ha et 148 m de large, soit quatre passages de pulvérisateur. Ces “lanières” ont un intérêt cynégétique, principalement pour favoriser l’installation de perdrix, dont les jeunes sont insectivores, mais aussi celle d’insectes auxiliaires », précise Jacques, également chasseur.
En TCS (technique culturale simplifiée) depuis plus de vingt ans, ses sols sont couverts toute l’année, ce qui a augmenté le taux de matière organique, préservé les lombrics ainsi que la vie microbienne. Il sème des cultures intermédiaires (sarrasin, phacélie, avoine, féverole…), qui abritent la faune auxiliaire l’hiver. Il prend par ailleurs soin d’alterner les cultures d’automne (blé, colza) et de printemps (betterave, pomme de terre) de son parcellaire afin que la faune trouve toujours un abri et de quoi se nourrir.
Création d’une mare
Dans le but de préserver la biodiversité, il gère les talus de son exploitation. « Je ne souhaite pas qu’ils soient broyés et je réalise moi-même un léger entretien et sème, entre autres, de la phacélie et du trèfle pour enrichir le milieu », précise l’agriculteur. Il a aussi créé une mare accueillant des orvets, poules d’eau, grenouilles…, qui se nourrissent, eux aussi, d’insectes. « De vieux murs ou des arbres morts sont aussi intéressants pour diversifier les espèces », ajoute-t-il. Jacques observe en outre des chouettes chevêches, nichant dans les haies, et l’effraie dans un de ses bâtiments. Ces espèces régulent les populations de campagnols.
Une largeur de 150 mètres
Côté invertébrés, les premiers comptages de carabes ont été réalisés chez lui en 1985. « Les observations ont démontré qu’une largeur de 150 m leur était favorable. Avec mes installations, en cinq ans de temps, les espèces de carabidés ont été multipliées par quatre ou cinq », informe-t-il. Au fil des années, différents spécialistes sont passés chez Jacques et ont dénombré des quantités importantes d’abeilles sauvages, de bourdons, de collemboles, de syrphes, de chrysopes…
« J’ai moins besoin d’intervenir et je ne le fais que si les insectes auxiliaires n’ont pas rempli leur rôle. Quand c’est nécessaire, j’essaie de choisir les produits en fonction de leur toxicité sur les milieux », souligne l’agriculteur, qui a notamment banni les molluscicides et n’emploie presque plus d’insecticides sur colza.