« L’argent qu’on gagne, c’est avant tout celui que l’on ne dépense pas », lance Stéphane Gorce, à la tête de 120 vaches limousines avec son épouse Karine à Estivals, en Corrèze. Produire suffisamment de stocks fourragers est donc une priorité pour les deux exploitants. Pour y parvenir, la culture de la luzerne a pris de plus en plus d’importance depuis le début des années 2000. « Le ray-grass que j’implantais quand je me suis installé en 1998 avait de plus en plus de mal à subsister alors que les sécheresses commençaient à sévir », explique Stéphane. Aujourd’hui, la luzerne, en pur ou en mélange avec du dactyle ou de la fétuque, occupe un tiers de la surface (50 ha) de l’exploitation. « L’association avec une graminée est intéressante car ces espèces complémentaires améliorent la quantité de la première coupe «, explique Christophe Capy, de la chambre d’agriculture de la Corrèze.

 

Le Gaec s’organise pour que la récolte soit rapide et de qualité. « La première coupe a lieu aux alentours du 1er mai (800 °C) en ensilage ou en enrubannage, explique Stéphane Gorce. Nos outils de fenaison (faucheuse à rouleaux, faneuse, andaineur et presse à balles carrées) sont en Cuma. Nous venons aussi d’acheter une enrubanneuse à balles carrées en continu pour économiser du film plastique. »

Plus de 10 t de MS/ha

Les trois coupes suivantes sont réalisées en foin, tout en prenant soin de ne pas perdre les feuilles, c’est-à-dire en travaillant le fourrage légèrement humide la nuit ou tôt le matin. Le délai entre deux récoltes et les rendements varie en fonction de la pluviométrie. La première coupe produit en moyenne 5 t de MS/ha. Les autres entre 2 et 3 t de MS/ha. En 2021, les pluies estivales régulières ont favorisé des rendements exceptionnels. La deuxième coupe a donné 6 t de MS/ha. Comme au Gaec Aubignac (page xx), le fourrage couvre des besoins importants pour les vaches (vêlages de juillet à janvier pour la production de veaux sous la mère). La ration est constituée de 7 kg de MS d’enrubannage, 3 kg de MS de foin de luzerne de deuxième ou troisième coupe, de 2 kg de foin de prairies naturelles et de 1,5 kg du mélange triticale x épeautre produit sur l’exploitation. Elle est distribuée deux fois par semaine pour faciliter le travail.

Grâce à ce régime, les croissances des veaux sont satisfaisantes. Ils sont vendus à l’âge de 150 jours en moyenne à un poids de 150 à 155 kg de carcasse. « Nous n’achetons pas de poudre de lait, mais nous disposons d’une dizaine de « tantes » montbéliardes pour apporter un complément de lait aux veaux », souligne Stéphane. Les vaches sont toujours en état et l’intervalle vêlage-vêlage est de 368 jours. »

Les luzernes sont renouvelées tous les quatre à cinq ans avec de la semence issue de l’exploitation. « La moissonneuse peut récolter de telles graines, qui sont forcément les plus adaptées à l’exploitation, souligne Stéphane Martignac, de la chambre d’agriculture de Corrèze. L’implantation à l’automne sous couvert d’un méteil est une technique qui fonctionne également bien. » Chez Karine et Stéphane, les sécheresses successives dégradent toutefois de plus en plus le couvert en place. C’est pourquoi ils explorent de nouvelles techniques pour préserver la productivité et éviter le salissement de certaines parcelles. A l’automne, dans celles qui ont le plus souffert, ils sèment un mélange d’espèces annuelles, avoine x vesce, (60 à 70 kg/ha).

 

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