Si déplacer des montages relève encore de l’imaginaire, les déplacements de cours d’eau sont bien réels. La chambre d’agriculture de la Meuse l’a démontré lors d’une demi-journée technique ouverte aux agriculteurs locaux, le 7 décembre. Elle pré­sentait­ les travaux réalisés dans la prairie d’un éleveur à Dannevoux, au nord de Verdun. Ils consistaient à déplacer, une vingtaine de mètres plus bas, le lit du ruisseau de Septsarges qui traversait l’herbage.

Recréer un lit artificiel

« Les travaux ont été demandés par l’agriculteur propriétaire du terrain. Nous l’avons accompagné sur le plan technique et réglementaire et nous avons relayé sa demande à la communauté de communes Argonne Meuse. Le ruisseau avait tendance à inonder une partie de la parcelle. Il était perché près du bois, sur une partie du terrain qui remontait un peu », explique Patrice Hilaire, chargé de mission environnement à la chambre d’agriculture de la Meuse. Une situation qui date d’avant 1800, où le cours d’eau avait été surélevé par rapport à son lit d’origine. Une place qu’il a désormais retrouvée.

Les travaux ont été réalisés par une entreprise. Ils ont commencé en septembre 2021 et se sont terminés en novembre. Le nouveau lit artificiel de 400 mètres a été creusé de façon à imiter les méandres d’une rivière naturelle. « L’intérêt de modifier le tracé du cours d’eau était aussi de rétablir la continuité écologique du ruisseau car l’ancien tracé bloquait la remontée de certains poissons », souligne Esteban Guhur, conseiller environnement à la chambre d’agriculture de la Meuse.

Deux passages à gué ont été créés pour permettre la circulation des engins agricoles et des bovins. Une ripisylve (la végétation présente sur les berges) a été plantée de chaque côté du cours d’eau. Son intérêt est de le protéger en créant de l’ombrage et en limitant le développement de la végétation dans le lit mineur, de stabiliser les berges et de freiner les écoulements lors des crues. Enfin, une clôture a été installée pour protéger les jeunes plants et éviter que les bovins piétinent les berges.

La restauration, priorité des fonds publics

Le chantier a été effectué sous la maîtrise d’ouvrage de la communauté de communes, qui a intégré le projet dans son programme de restauration des cours d’eau, avec le soutien financier de l’agence de l’eau Rhin-Meuse et du conseil départemental.

Depuis 2018, les communautés de communes ont acquis la « compétence Gestion des milieux aquatiques et prévention des inondations » (Gemapi), leur permettant d’intervenir sur la gestion et la restauration des cours d’eau et milieux aquatiques. Compétence qu’elles peuvent déléguer à un syndicat de rivières. « Actuellement, les collectivités financent davantage les opérations de restauration des cours d’eau que celles­ liées à leur entretien », observe Patrice Hilaire. Cela s’explique notamment par la directive européenne cadre sur l’eau, qui fixe pour objectif aux États membres de rétablir le bon état écologique des cours d’eau. Selon les dernières données d’EauFrance (2015), 44,8 % des cours d’eau étaient « au moins en bon état écologique » en France.

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Cours d’eau et fossés : COURS D’EAU ET FOSSÉS Y voir plus clair dans la réglementation Y voir plus clair dans la réglementation