Obtenir plus de 5 t de matière sèche (MS) à l’hectare, à plus de 16 % de matière azotée totale (MAT), pour économiser 2 t de tourteau de soja à 48 %, sans compromettre la culture suivante de maïs ensilage. L’objectif a été en moyenne atteint par plusieurs groupes d’agriculteurs normands et les chambres d’agriculture de Normandie qui ont expérimenté, pendant trois années d’essais de 2015 à 2017, les méteils à haute valeur en protéines (HVP) à base de pois, féverole, vesce ou trèfle. Des facteurs clés de succès ont été clairement mis à jour, lesquels permettent aujourd’hui de proposer des itinéraires techniques adaptés. S’il n’existe pas de recette « passe-partout », il est par exemple montré que les niveaux de MAT intéressants sont obtenus avec une part minimale de 75 % de protéagineux à la récolte (au moins 80 % au semis).

Par ailleurs, les meilleurs résultats ont tous été constatés en culture d’hiver pour des mélanges associant une base de féverole et de pois et une faible part de céréales (moins de 15 kg par hectare de semences). L’introduction de vesce ou de trèfles annuels (notamment squarrosum) en plus du mélange pois-féverole, permet parfois de gagner quelques précieux points de MAT supplémentaires. Les mélanges 100 % protéagineux ont fait leurs preuves.

« Les protéagineux ayant besoin de chaleur et d’ensoleillement pour se développer, les différences de résultats se jouent surtout au printemps », soulignent les rapporteurs des expérimentations. « La date de récolte résulte ainsi d’un compromis entre la recherche du meilleur retour sur investissement du couvert et les exigences pour l’implantation à suivre d’un maïs fourrager », complète Thierry Jeulin, conseiller à la chambre d’agriculture de l’Orne. Pour un méteil HVP, le stade « début de floraison du pois protéagineux » permet de viser de 17 à 20 % de MAT à 3-4  t de MS/ha. Ce stade est atteint généralement vers le 10-15 mai en Normandie pour un cumul de températures positives de 1 000 °C depuis le 1er janvier. Pour un meilleur rendement à 7-10 t de MS/ha (14 à 17 de MAT), il faudrait attendre dix à quinze jours supplémentaires le stade « pois de conserverie », mais au risque de compromettre l’implantation d’un maïs. « Des féveroles récoltées tardivement peuvent apporter beaucoup de fibres. Si les mélanges sont récoltés à un stade avancé, il faudrait compléter les rations hivernales avec des ensilages de maïs épi plutôt que de plante entière », souligne Pascal Rougier, conseiller de Littoral normand.

Fourrage humide

À la récolte, les méteils HVP titrent de 10 à 12 % de MS seulement. Il est nécessaire de faire suivre la fauche de 48 à 72 h de séchage au champ pour atteindre 30 % minimum de MS et se prémunir du risque de coulure des silos. Les pertes en MAT constatées le long de la chaîne verte jusqu’à l’ouverture du silo se situent entre 1 et 2 %. La finesse de hachage devrait être d’environ 3 cm pour un tassage optimum et le front d’avancement du silo de 10 cm minimum par jour en période hivernale. L’enrubannage est généralement proscrit à moins d’utiliser un « big-baller ». En moyenne, les essais montrent que les ensilages obtenus se conservent bien, y compris en base de silos sandwich (avec du maïs au-dessus) et qu’ils sont bien acceptés par les vaches laitières, malgré leur aspect parfois noirâtre.

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Sommaire

Autonomie : Du méteil pour remplir les granges et les silos