«Le robot de traite, pour moi, c’était l’avenir », se remémore Tanguy Paranthoen, 33 ans. La présence du robot était un atout lorsqu’il s’est installé en 2009. Il a vite déchanté !

Hors cadre familial, il a repris l’exploitation d’un tiers à Plélan-Le Grand (Ille-et-Vilaine). L’élevage comptait alors 45 vaches et un robot de traite Delaval, mis en service quatre ans plus tôt, le deuxième installé dans le département.

Problème d’humidité dans les tuyaux, dans les pneumatiques, manchons qui ne se relèvent pas… Très vite, les pannes se sont enchaînées. « En cas de coupure de courant, il y avait systématiquement un organe qui ne repartait pas. » Des alarmes à répétition le jour, la nuit, le week-end, pendant les vacances. « Le service maintenance connaissait mon numéro de téléphone par cœur, raconte le jeune papa de trois petites filles. J’avais l’impression de passer ma vie au pied du robot. À chaque fois, le planning de la journée était bouleversé. Même le service de remplacement venait à reculons. »

Ces pannes récurrentes ont rapidement une incidence sur la qualité du lait avec une augmentation importante du taux de cellules. Pensant que cela venait des vaches, Tanguy a beaucoup réformé les premières années. « En 2013, j’en ai eu pour 7 000 € de pénalités cellules. J’ai failli être en arrêt de collecte avant d’enclencher un plan avec le GDS. » Et cela sans compter les coûts de maintenance du robot. En moyenne autour de 10 000 à 12 000 €/an, il a grimpé cette même année 2013 à 25 000 €, une année noire.

« Un problème d’outil »

Jeune éleveur, Tanguy s’est également remis en cause. Il a fait réaliser un audit par une vétérinaire spécialiste des robots. Alimentation, logement, comportement des animaux, façon de travailler… Après analyse, elle n’a rien trouvé sauf à avoir « un problème d’outil ». « Ça m’a rassuré sur mon système mais je n’avais pas la solution. »

Puis un jour de mars 2014, nouvelle panne. « Le technicien arrivé le matin ne trouve pas. Un de ses collègues arrive en renfort en soirée. Pendant ce temps, aucune vache n’avait été traite. La solution a été trouvée à 3 heures du matin, le lendemain. » Et goutte d’eau qui a fait déborder le vase : le robot n’avait sauvegardé aucune des données. « Il a fallu reparamétrer les vaches les unes après les autres, une opération qui prend en moyenne 15 minutes par animal, pendant qu’elles piétinaient à la porte. Puis recommencer la même opération le lendemain, le “teaching” (photo des mamelles) n’ayant pas fonctionné tant les mamelles étaient pleines. Trop, c’était trop. Ce jour-là, J’ai décidé d’investir dans une salle de traite. »

Une salle de traite de la même marque

Installé depuis 5 ans, il n’a pas obtenu de prêt. Il a autofinancé les 65 000 €. Heureusement pour lui, le robot a pu être vendu d’occasion car, à l’époque, il y en avait très peu sur le marché.

Tanguy a investi dans une salle de traite 1×10, traite par l’arrière (TPA) avec décrochage automatique, de marque Delaval. « Je n’avais rien contre la marque, je connaissais leur réputation en salle de traite. »

Depuis la mise en route de la salle de traite, en août 2014, la qualité du lait s’est nettement améliorée. « Je n’ai eu des pénalités cellules que sur 2 mois. » Il a aussi vu fondre sa facture d’électricité de 4 000 €/an. Et enfin, il n’a plus besoin d’un double abonnement téléphonique (60 €/mois)

Évoluer vers davantage de pâturage

« J’ai l’impression de revivre, assure Tanguy. Avec le robot, je trayais 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. Aujourd’hui, j’ai mon astreinte 3 h par jour, le reste du temps je suis tranquille. » En parallèle, il a fait évoluer son système vers davantage de pâturage et d’autonomie alimentaire, en adéquation avec sa philosophie. Il a la chance de disposer de 45 ha accessibles aux vaches. Les vaches produisent moins de lait qu’au robot mais certaines, notamment les grands gabarits, ont pu mieux exprimer leur potentiel laitier, plus contraint en système robot. Je n’ai plus l’impression de gaspiller de l’argent en coût de concentré. »

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Robot de traite : Quand le stress pousse à l’abandon