Des nurseries de toutes sortes s’érigent sur le terrain. Certains éleveurs partent de zéro ou composent avec l’existant. Le principal est de suivre les quatre commandements du veau heureux, sans compromettre le confort de travail.
1. Classes d’âges séparées
« Les veaux plus âgés peuvent être porteurs de germes dangereux pour les plus jeunes, chez qui l’immunité n’est pas encore installée », rappelle Karine Hauray, vétérinaire dans l’Ain. Idéalement, il est conseillé de « séparer géographiquement les veaux non sevrés en deux ou trois classes d’âge, en accordant une attention particulière à ceux de moins d’un mois ». Pour autant, élever tout le monde en proximité immédiate, parfois sous le même toit, reste possible. « Un couloir ou une double barrière permettent d’éviter les contacts à risque », suggère l’experte.
Hors urgences, le tour d’astreinte de l’éleveur devrait commencer par les plus jeunes pensionnaires, pour se terminer chez les sevrés et les veaux malades.
« Séparer les classes d’âge permet aussi aux intervenants extérieurs venant chercher les jeunes mâles de rester à l’écart de la nurserie principale », relève Tanguy Morel, de l’Institut de l’élevage (Idele).
2. Dimensions adaptées
Le dimensionnement des cases individuelles et collectives est encadré par la directive européenne 2008/119 (lire l’encadré). Une surdensité en nurserie « entrave le confort des animaux, stimule la compétition alimentaire, complique la surveillance et aggrave les problématiques d’hygiène », alerte Karine Hauray. Disposer de quelques niches de secours peut s’avérer salvateur au pic des vêlages.
3. Hygiène soignée
Dans les cases et les abris individuels, le triptyque curage, lavage et désinfection est recommandé à chaque roulement. En enclos collectifs, « le curage doit être fait aussi souvent que nécessaire, en se fiant à l’état de la litière », souligne la vétérinaire. Il convient cependant d’éviter le lavage à haute pression si la nurserie n’est pas vide, « au risque de ramener de l’humidité et de projeter des particules organiques vers les cases occupées ».
S’il existe des désinfectants agissant en présence de matière organique, la solution idéale reste de se tourner vers un vide sanitaire annuel. « Quelques jours peuvent suffire, le temps du séchage », note Karine Hauray, qui conseille de le réaliser sur la période de creux des vêlages, en déplaçant temporairement les quelques veaux restant.
Au moment de la conception de la nurserie, le choix des matériaux est primordial pour faciliter l’entretien des locaux. « Il faut trouver un compromis entre le confort thermique et le potentiel de lavage, résume Tanguy Morel. L’entretien du métal et du béton est assez simple, mais ces surfaces peuvent refroidir les veaux ou au contraire emmagasiner de la chaleur. Le bois est plus difficile d’entretien, mais s’il est raboté et imputrescible, il peut faire office d’isolant. »
4. Confort climatique assuré
« Les ruminants de plus d’un mois ne craignent globalement pas le froid sec. La mise en route du processus de rumination produit de la chaleur », explique Karine Hauray. En deçà de cet âge, il peut être nécessaire de restreindre le volume d’air sur leur zone de couchage, à l’aide d’un toit poreux ou d’un abri. Des lampes chauffantes peuvent protéger les plus fragiles.
À tout âge, les protéger de l’humidité et des courants d’air demeure la priorité, notamment en hiver. Une bonne aération et la pose de bavettes ou de filets brise-vent sont d’une aide précieuse. Sur une nurserie totalement ou partiellement ouverte, « l’orientation des abris doit si possible protéger les animaux des vents dominants », note Tanguy Morel.
À la belle saison, il devient capital de prévenir les coups de chaud. La chasse aux courants d’air cesse. « Si la zone de couchage se trouve en plein soleil, la pose d’un voile d’ombrage perméable peut faire gagner quelques degrés », renseigne l’expert en bâtiment. En intérieur, la présence de plaques translucides peut « provoquer un échauffement par effet loupe », prévient l’Idele (1).
Les nurseries fermées en ventilation dynamique sont logiquement moins exposées à ces aléas climatiques. Mais il ne s’agit pas d’une solution miracle pour autant. « Le taux de remplissage de la nurserie varie souvent au fil des saisons, remarque Tanguy Morel. Si le réglage de l’ambiance est fait pour un bâtiment plein et n’est pas ajusté régulièrement, on risque une surventilation. À l’inverse, certains producteurs sont tentés de réduire la vitesse des ventilateurs en hiver, mais cela fait gonfler le taux d’humidité du bâtiment. »
Finalement, « payer le prix cher pour son installation ne garantit pas le bien-être de ses occupants. » Le système dynamique s’avère en revanche très utile lorsque « les surfaces ventilantes sont mal réparties » ou s’il existe « des obstacles naturels ou artificiels à l’écoulement normal de l’air dans la nurserie », soulève l’Idele. Ce qui est le cas d’un bâtiment encaissé dans les reliefs ou bordé de forêts (lire l’encadré page 60).
(1) Pour aller plus loin : Des veaux laitiers en bonne santé, collection Fiches techniques de l’Institut de l’élevage (2014).
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Sommaire
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