Il restait à trouver du foncier… Face à son ambitieux programme agricole, la ville de Paris s’est vite rendu compte des limites de son dessein. À commencer par l’espace. La capitale s’est d’abord ruée sur ses toits avec son projet « Parisculteur ». Et si certains ont vu le jour, comme l’entreprise Bien élevées, spécialisée dans le safran dans le XIIIe arrondissement, l’initiative a aussi montré que, pas assez plats, inaccessibles ou peu portants, les toits pouvaient se révéler pas aussi fertiles que prévu.

Avoir sa coopérative

Pour Paris et sa petite couronne dense, les chercheurs estiment qu’une part maximale de 10 % des fruits et légumes consommés pourraient être produits sur place, « à condition de mettre en culture tous les espaces “agricolisables”, précise Christine Aubry, ingénieure à l’Inrae. Les toits ont montré que ce serait compliqué. La capitale devrait d’abord réorganiser l’acheminement des fruits et légumes en provenance du péri-urbain plus ou moins proche, produire en son sein à d’autres intérêts que l’approvisionnement en quantité. »

C’est l’option prise par la régie Eau de Paris, qui protège ses périmètres de captage, en passant des contrats d’approvisionnement de ses cantines avec des agriculteurs de la Nièvre et de l’Yonne. « Eau de Paris a compris qu’elle serait plus incitative en proposant aux agriculteurs des débouchés un peu protégés. »

En charge de l’alimentation et de l’agriculture à la mairie de Paris, Audrey Pulvar voudrait suivre l’exemple et propose ainsi de créer, d’ici à 2023, la coopérative AgriParis. Avec un double objectif : d’ici à 2026, 100 % des denrées de la restauration collective proviendraient de l’agriculture durable ou bio (53 % aujourd’hui). Au moins la moitié serait issue de fermes situées dans un rayon de 250 km de la capitale (650 km actuellement). La méthode reste à définir. Cent Parisiens et Franciliens plancheront sur le sujet en février 2021, puis des professionnels en mars. La coopérative permettrait notamment à la capitale d’acquérir des terres en région francilienne.

En 1845, 1 800 jardiniers maraîchers œuvraient autour de Paris. Aujourd’hui, la chambre d’agriculture d’Ile-de-France ne recense plus que 91 exploitations agricoles en petite couronne.

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