«Avec 11,5 ha , nous avons triplé nos surfaces en méteil cette année », déclarent Joël et Didier Rougeron, naisseurs-engraisseurs à Saint-Julien-la-Genête, dans la Creuse. L’essai réalisé l’année dernière a apporté satisfaction aux deux frères qui ont décidé de généraliser le semis de ce mélange avant la mise en place de l’ensilage de maïs aux alentours de la mi-mai. Le but est de sécuriser le système fourrager fragilisé ces dernières années par les sécheresses estivales de plus en plus fréquentes. « Deux années sur dix, les rendements du maïs chutent autour de 8 t de MS/ha », ajoute Patrick Legoux, de la chambre d’agriculture. Avec un précédent orge, les exploitants récoltent 5 à 6 t de MS de méteil en plus de l’ensilage de maïs. Ils disposent donc d’un total de 13 à 14 t de MS de fourrages, soit l’équivalent d’une année moyenne d’ensilage de maïs. » Cela demande une adaptation du rationnement, mais le fourrage offre davantage de perspectives d’autonomie.

Un semis précoce

La réussite de la culture du mélange exige aussi une conduite précise. Didier et Joël, chez qui des plate-formes d’essais ont été installées au cours des dernières campagnes, dans le cadre des expérimentations du réseau Herbe et fourrages, suivent scrupuleusement les conseils de la chambre d’agriculture. Ils ont semé le mélange de référence à base de triticale qui a donné les meilleurs résultats de rendement et de valeur alimentaire. Celui-ci comprend 85 kg de triticale, 25 kg d’avoine, 50 kg de pois et de vesce, soit 160 kg au total. « L’année dernière, avec 130 kg au total, le mélange manquait de densité, précisent-ils. Cette année, la couverture du sol était meilleure, cela a limité la concurrence avec les adventices. » Un semis précoce au cours de la première semaine d’octobre est indispensable et il convient d’inclure un minimum de protéagineux dans le mélange. « Cet hiver, les températures sont descendues à - 12 °C et une proportion de pois importante n’a pas résisté », déclare Joël.

L’un des essais réalisés par la chambre d’agriculture avec du seigle forestier a donné de bons résultats, « mais il faut prévoir une fauche précoce, autour de 750 °C (base 1er février). Cela peut se justifier pour une implantation très précoce du maïs. Le mélange protéagineux (40 kg de triticale, 10 kg d’avoine, 65 kg de pois [Rif et Assas], 30 kg de vesce [Barvicos et velue]) « présente une excellente valeur alimentaire, mais sa récolte est compliquée à cause de la verse et du faible taux de matière sèche », soulignent Hervé Feugère et Lucile Hanryon, de la chambre d’agriculture .

Côté préparation du sol, après la récolte de l’orge, Joël et Didier ont réalisé un déchaumage, puis épandu 15 t de fumier par hectare. Ils ont ensuite réalisé un apport de 50 unités d’azote par hectare à 240 °C (base 0 °C en janvier).

Conservation en boudin

« En 2017, nous avons ensilé les 3,7 ha en boudin au stade floraison du pois, expliquent Didier et Joël. Le stockage en boudin a coûté 29 €/m linéaire, mais nous n’avons enregistré aucune perte. Nous avons repris le fourrage facilement avec notre petite dessileuse (5 m3) sans recourir beaucoup à la fourche », assurent-ils. En 2018, la récolte a eu lieu le 11 mai dans un silo taupe, car cette dernière était beaucoup plus importante. Les exploitants étaient dans les temps pour semer le maïs d’un indice 260 comme d’habitude.

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Autonomie : Du méteil pour remplir les granges et les silos