Pour remédier aux sécheresses plus fréquentes, des éleveurs de Lozère se sont équipés de bassins de stockage des pluies hivernales. « L’irrigation est une assurance récolte ! », lance Luc Alméras, du Gaec des Maurels, à Chaudeyrac. En conversion bio, il élève 85 vaches laitières et 90 allaitantes sur 300 ha avec deux associés. En 2017, grâce à un bassin de stockage de 33 000 m3, ils ont pu faire deux à trois apports d’eau sur 50 ha de prairies. « Nous avons assuré la première coupe, puis irrigué en priorité les pâtures pour avoir de l’herbe tout l’été », précise Luc. À 1 150 m d’altitude, les pluies ne manquent pas durant l’hiver, mais l’été, les orages se font de plus en plus rares. « Nous devions trouver une solution pour préserver notre autonomie et éviter d’avoir à faire de gros achats de fourrages les années sèches. L’investissement atteint 300 000 €, dont 50 % d’aides. En trente ans, nous devrions arriver à l’amortir. »
Dans le département, le climat a déjà beaucoup changé. « La limite de la zone méditerranéenne est remontée de 60 km vers le nord. Avec des pluies plus groupées, les sécheresses deviennent plus fréquentes », note Jean-Charles Commandré, de la chambre d’agriculture. Les éleveurs cherchent à faire plus de stocks au printemps, de façon à pouvoir affourager l’été si nécessaire. Ils ont développé l’enrubannage de méteils immatures. L’irrigation offre une autre solution. « Mais elle n’est pas possible partout, car il faut un bassin-versant suffisant pour récupérer les eaux de pluie hivernales. » Le montant de l’investissement, élevé en zone de montagne, est aussi un frein. « Entre la retenue et les canalisations, il faut compter 15 à 20 € par m3 d’eau stocké », note Philippe Boulet, chargé d’étude à l’Astaf (1). Malgré cela, des éleveurs ont déjà franchi le pas et d’autres s’y préparent. « Une quinzaine d’études de faisabilité sont en cours. Et le conseil régional d’Occitanie met en place des aides pour les petits irrigants, qui pourraient couvrir jusqu’à 50 % de l’investissement. »
Avec 600 brebis laitières en bio sur 240 ha à Grèzes, Yannick Charbonnier espère bien obtenir l’autorisation de créer un bassin de stockage. « Avec 20 000 m3, je pourrais irriguer 15 à 20 ha de luzerne et faire trois ou quatre coupes. L’investissement est élevé. Mais en 2017, à cause de la sécheresse, j’ai dû faire de gros achats de fourrages. J’ai besoin de sécuriser mes stocks pour pérenniser l’exploitation. »
(1) Association syndicale autorisée de travaux d’amélioration foncière, sous convention avec la Safer Occitanie.
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Sommaire
Réchauffement climatique : L’élevage teste les bonnes parades
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- 1. Cerner l’ampleur du changement : 1. Cerner l’ampleur du changement
- 4. Maladies exotiques à repérer : 4. Maladies exotiques à repérer
- 3. Des bâtiments contre le chaud : 3. Des bâtiments contre le chaud
- 6. Basculer vers d’autres systèmes : 6. Basculer vers d’autres systèmes
- 5. Génétique : vers la résilience : 5. Génétique : vers la résilience
- Eau En Lozère, sécuriser les stocks four : Eau En Lozère, sécuriser les stocks fourragers en irriguant
- Aricle : 2. Alimentation : de la souplesse