Le Giec (1) a élaboré plusieurs scénarios sur l’évolution du climat d’ici la fin du siècle en fonction de la concentration de gaz à effet de serre (GES) dans l’atmosphère. Dans son jargon, cela donne les « RCP », pour Representative Concentration Pathway. Le RCP 2.6 est la version optimiste, avec un réchauffement global limité à 2 °C d’ici la fin du siècle. Le RCP 8.5 désigne l’option pessimiste, avec une hausse moyenne des températures d’environ 8 °C. « C’est le scénario réaliste-pessimiste », corrige Jean-Christophe Moreau, de l’Institut de l’élevage. Celui vers lequel la Terre se dirige si aucune mesure corrective d’ampleur n’est appliquée…

Pluies incertaines

D’ici à 2050, la température devrait augmenter dans une fourchette comprise entre 0,6 et 1,3 °C par rapport à la moyenne 1976-2005, avec un impact plus important dans le Sud-Est en été (+ 2 °C), un nombre de jours de vagues de chaleur en hausse (jusqu’à 10 jours en plus dans le Sud-Est) et un nombre de jours d’hiver anormalement froids en baisse (jusqu’à 6 jours de moins dans le Nord-Est).

Si la hausse de température s’appréhende assez bien, le régime des pluies, en revanche, demeure difficile à cerner. La pluviométrie, en légère hausse (+ 0,46 mm/jour en fourchette haute), sera probablement répartie différemment sur l’année, avec des précipitations plus abondantes au printemps et un risque de gel tardif accru. En été, le déficit hydrique devrait se dégrader, avec un recul des pluies et une hausse de l’évapotranspiration. Les évènements extrêmes seront plus fréquents, et les variations interannuelles devraient être importantes. La pression sur les ressources en eau s’accentuera (lire p. 49). « L’ensoleillement aura tendance à se réduire, car plus l’air est chaud, plus il peut contenir de nuages, précise Frédéric Decker, de MétéoNews. Les conséquences seront néfastes pour les cultures : qui dit moins de soleil, davantage de chaleur et d’humidité, dit davantage de maladies… Et comment évolueront les rendements, avec une hausse des températures et une baisse de l’ensoleillement, mais une teneur en CO2 dans l’atmosphère plus élevée ? C’est difficile à prédire. »

Jeu d’équilibre

« La teneur en CO2 est un jeu d’équilibre entre l’absorption et les émissions, explique Hervé Lefèbvre, chef du service climat à l’Ademe. La végétation et les océans en absorbent une partie. Mais à un moment donné, ces puits de carbone seront saturés. On ne sait pas à quel moment la machine s’emballera. Que se passera-t-il alors ? »

(1) Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, créé en 1988 par l’ONU.

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Réchauffement climatique : L’élevage teste les bonnes parades