Pour mettre en évidence les intérêts économiques de l’introduction de légumineuses fourragères au sein des exploitations, il est essentiel de les analyser à l’échelle de la rotation et du système d’exploitation.
Dans les exploitations céréalières, la première économie se fait sur l’azote. « L’association dactyle-luzerne permet un rendement moyen de 13 t de MS/ha, avec une économie de 160 unités d’azote par rapport à un dactyle seul », explique-t-on à l’AFPF (1), d’après le Gnis. Ajoutons que sur un blé semé derrière une luzerne, l’économie moyenne est de 25 à 45 unités d’azote et entre 40 et 60 unités sur la culture suivante. Le rendement du blé qui suit une luzerne est supérieur. Un essai en chambre régionale de Poitou-Charentes a comparé sur onze ans deux rotations. La première, colza-blé-orge, et la deuxième, colza-blé-tournesol/trois ans de luzerne-blé-orge. Avec une luzerne vendue sur pied entre 70 et 90 € la tonne, un petit gain moyen de 55 €/ha a été observé. La perte de revenu engendrée par la vente de cultures à un prix moins important est compensée par des charges opérationnelles moindres. À noter que la vente se faisant sur pied, les charges de mécanisation n’étaient pas supérieures à la rotation de base. À l’échelle de la rotation, l’introduction de la luzerne est donc aussi rentable qu’une rotation classique.
Dans le cas des élevages de bovins lait,des essais ont montré que l’introduction de 30 à 50 % de luzerne dans la ration permettait une économie de 30 à 60 % de concentrés azotés. Soit 1 à 2 kg de soja en moins. Néanmoins, afin de maintenir les performances laitières, il est nécessaire d’ajouter 3 à 6 kg de blé. À l’échelle de l’exploitation, le gain est en moyenne de 6 €/1 000 l.
Dans le cas des bovins viande, le gain se trouve dans la moindre variabilité du coût de la ration. « Sur quatre ans, on a observé une variabilité de 3 à 5 % du coût de la luzerne, contre 5 à 7 % en ensilage de maïs », selon l’AFPF.
En céréales, l’incidence est donc positive, avec un débouché qui reste à sécuriser. En élevage, l’incidence économique est neutre à positive à l’échelle annuelle, avec une moindre volatilité du coût de la ration. Seul bémol, les risques engendrés par la variabilité des rendements des légumineuses, qui joue fortement sur la rentabilité. C.L.J.
(1) Association française pour la production fourragère.
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