Plus rien ne sera jamais plus comme avant au Chaffaut-Saint-Jurson, dans les Alpes-de-Haute-Provence. Cette petite commune, située tout près de la préfecture Digne-les-Bains, vit depuis mai 2015 au rythme des attaques de loup. Le prédateur a déjà fait des carnages dans les troupeaux. Etienne Debayle, jeune installé, a retrouvé 13 brebis dévorées et 17 autres ont avorté par la suite (lire page 46). La ferme expérimentale de Carmejane, qui jouxte le lycée agricole, a perdu près d’une trentaine de brebis (lire page 48). Désormais, pour les deux exploitations, la protection des troupeaux devient une priorité.
En France, en 2015, les loups ont fait près de 9 000 victimes. Vingt-neuf départements sont concernés (voir la carte ci-contre). Début 2016, les attaques explosent dans les Vosges et en Meurthe-et-Moselle. « Au 15 avril, nous en avons enregistré 27 ainsi que 103 victimes dans notre département, récapitule Dominique Candau, de la chambre d’agriculture des Vosges. La plupart sont recensées dans la zone de plaine du nord-ouest du département. Depuis janvier, un éleveur totalise déjà 12 attaques à lui seul. « Ces dégâts vont remettre en cause la pratique de la « vaine pâture » dans notre région », ajoute Dominique Candau. C’est une conduite traditionnelle de pâturage hivernal, où les moutons valorisent les prairies des exploitations bovines.
« Attaques inacceptables » à côté du lycée
La situation inquiète la présidente du lycée agricole de Carmejane, Eliane Bareille. La responsable, également en charge du pastoralisme au sein du conseil régional semble décidée à faire évoluer la situation, jugeant les attaques à proximité des élèves « inacceptables ». « Le loup n’est plus une espèce en voie de disparition mais en voie de prolifération et nous devons y remédier », a-t-elle indiqué, lors de l’assemblée générale de l’association Éleveurs et montagnes à Sisteron, le 11 avril.
Les verrous juridiques penchent en faveur du loup. Stéphane Le Foll, lors du congrès de la Fédération nationale ovine (FNO), le 22 avril à Saint-Malo (Ille-et-Vilaine), a indiqué que la directive Habitats et la convention de Berne constituaient deux « Everest à franchir ». Michèle Boudoin, présidente de la FNO, a demandé que, pour la prochaine saison, le quota de loup soit porté à 100 bêtes. « Il faut aborder la régulation scientifiquement, a-t-elle ajouté. Prélever un seul loup est-il suffisant ? Doit-on enlever les louveteaux ou la meute délinquante toute entière ? », questionne-t-elle.
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