«En 1999, nous avons réorganisé notre exploitation de fond en comble, annonce André Delpech, à la tête de 1 600 brebis à Cabrerets, dans le Lot, avec son épouse Agnès et son frère Francis. Nous avons adopté le techno-grazing ou techno-pâturage, une technique qui limite les besoins du troupeau en stocks en optimisant le pâturage. » Avant de s’engager, les époux ont suivi une formation de six mois en Nouvelle-Zélande auprès de Harry Wier, l’un des concepteurs de la méthode.
« L’amélioration de nos résultats économiques était le moteur de notre décision, indique André. Nous avions besoin de réduire le niveau de nos charges car nous allions dans le mur. La technique nous a permis de diviser le coût de la ration par cinq. » Elle est évaluée à 0,10 €/brebis/jour en moyenne, alors que dans notre ancienne configuration, elle atteignait 0,50 €/brebis/j. » A cette époque, les brebis agnelaient à l’automne en bergerie et avaient de gros besoins en fourrages (ensilage ou foin) pendant l’hiver. « Les charges des tracteurs ou autres matériels de fenaison pesaient trop sur les comptes », insiste André.
Agnelage de printemps
« Dès notre retour de Nouvelle-Zélande, nous avons arraché les clôtures en grillage », explique André. L’ensemble du parcellaire a été redécoupé, au fil des années, en petits « carrés » de 20 ares (voir infographie). « Nous avons aussi calé la plus grosse partie des agnelages au printemps, entre le 10 avril et le 20 mai, au moment où la pousse de l’herbe est la plus forte », ajoute-t-il.
Chaque paddock de 20 ares accueille 150 brebis en attente de mise bas à partir du 10 avril. « Celles qui n’ont pas agnelé changent tous les jours de paddock. Les autres restent pendant trois à quatre jours dans le même « carré », le temps de l’adoption. Lorsqu’elles sont en nombre suffisant, elles rejoignent les parcelles d’allaitement, construites sur le même principe, où elles avancent tous les jours également sans jamais revenir sur les pas de la veille. Des lots de « simples » de « doubles » ou de « triples » sont constitués dès le départ à partir des échographies pour faciliter l’organisation et l’adoption. Un agneau « triple » par exemple peut être déplacé vers une brebis « simple », à condition d’anticiper suffisamment.
Lors de l’allaitement, les prairies les plus riches en légumineuses sont réservées aux multipares, qui ne reçoivent aucun complément. Les agneaux ont à leur disposition de l’aliment fermier pour faciliter la transition lors du sevrage. Celui-ci a lieu à 85 jours d’âge, en juillet. A ce moment, les agneaux rentrent en bergerie et les brebis regagnent les landes et parcours de l’exploitation (200 ha). « Les stocks sur pied s’y sont constitués à partir du printemps, continue André. Ils conviennent parfaitement pour combler le troupeau qui n’a plus que des besoins d’entretien à cette période. »
Repérer les plantes résistantes
Impossible en revanche de pâturer les prairies pendant l’été. Situées sur les causses du Lot, elles sont totalement desséchées ou presque. Certaines parviennent à résister car les associés sélectionnent et sèment les espèces prairiales les mieux adaptées à leurs conditions difficiles. « Chaque année, nous implantons une parcelle test avec une quinzaine de variétés de ray-grass anglais et de trèfle blanc différentes. Nous « piochons » essentiellement parmi ces deux espèces car elles sont plus adaptées au pâturage que le dactyle ou la fétuque, que nous avions implantés dans notre ancien système. » Dans la parcelle test, les différentes variétés de ray-grass sont semées en bandes, tandis que les trèfles blancs sont semés perpendiculairement. « Il nous suffit de repérer le carré le plus vert pour savoir quel est le mélange le plus résistant aux conditions de l’année. » D’autres espèces adaptées à la pâture, comme la chicorée ou le plantain et couramment implantées en Nouvelle-Zélande, sont évaluées par le Gaec de Fargues. La conduite du pâturage favorise le développement du trèfle blanc qui participe à l’approvisionnement de la prairie en azote et donc à la réduction des charges de l’exploitation. « En quinze ans, nous avons amélioré la productivité des prairies. Cela nous a permis d’augmenter l’effectif du troupeau, souligne André. Celui-ci est passé de 750 à 1 600 brebis, alors que nous avons seulement une vingtaine d’hectares en plus. »
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Sommaire
Herbe : Le pâturage dynamique pour doper la pousse
- Herbe : Le pâturage dynamique pour doper la pousse
- 1. Quinze ans d’expérience en ovins : 1. Quinze ans d’expérience en ovins
- 3. Le duel dynamique/tournant en chiffre : 3. Le duel dynamique/tournant en chiffres
- 2. Objectif : pâturer au stade des trois : 2. Objectif : pâturer au stade des trois feuilles de la graminée