Devenir « le leader mondial de la transition alimentaire ». Rien que ça. C’est l’objectif que s’est fixé Alexandre Bompard, nouveau patron de Carrefour, six mois après son arrivée à la tête du groupe aux 86 M€ de chiffre d’affaires. L’ex-dirigeant de la Fnac et Darty a présenté, début 2018, ses pistes pour redynamiser la croissance de l’enseigne, en berne depuis plusieurs années.
Des mesures structurelles, d’abord, qualifiées de « big bang » dans le secteur, avec un plan de départs volontaires et la suppression de 2 400 postes. Aussi la réduction de la taille de ses hypermarchés « pour un total d’au moins 100 000 m2 » et, en parallèle, l’ouverture de plus de 2 000 magasins de proximité. Il s’agit là d’un « format de conquête pour le groupe », justifie le PDG. Tout comme le numérique, sur lequel il investira 2,8 milliards d’euros (Mds€) pour rattraper le retard et dépasser 20 % de parts de marché en France.
5 milliards sur la bio
Surtout, le « bulldozer Bompard » prévoit, dans son « plan de transformation 2022 », une refonte de l’offre alimentaire dans les rayons. Il vise 20 % d’approvisionnement à travers les filières Carrefour mises en place depuis trente ans, et souhaite passer son chiffre d’affaires sur la bio de 1,3 à 5 Mds€. Pas assez d’offre sur le marché ? Qu’à cela ne tienne : il annonce en prime un travail de la Fondation Carrefour et un partenariat avec le WWF pour « le financement de la conversion au bio ». Dans les rayons, les zones dédiées seront généralisées et le nombre d’employés formés aux produits frais sera multiplié par deux dès cette année. Et que cela se sache ! « Carrefour utilisera ses politiques de prix, de promotion et de fidélisation en faveur de la démocratisation du bio », fait savoir l’enseigne.
Séduire les consommateurs, accompagner les fournisseurs, satisfaire les actionnaires. Voilà la difficile équation à résoudre pour le navire Carrefour, qui semble modifier son cap à chaque changement de capitaine. Celui fixé par Alexandre Bompard aura eu le mérite d’être rapidement salué par la Bourse. Peut-être davantage en raison des 2 Mds€ d’économies annoncés que pour la structuration des filières d’approvisionnement escomptée… Il reste à savoir s’il tiendra dans le temps. On se souvient que la récente campagne de l’enseigne en faveur des semences fermières avait fait grincer des dents chez les militants, qui dénonçaient un manque de crédibilité. Passer du « coup de com’ » au business model, voilà un saut périlleux.
La bataille des parts de marché
Début février 2018, le groupe Carrefour était toujours classé deuxième derrière E. Leclerc, avec 20,6 % de parts de marché, contre 21 % pour le leader breton, selon le classement de Kantar Worldpanel.
On trouve en troisième position le groupe Intermarché (14,8 %), puis Casino (11,1 %), Auchan (10,8) et Système U (10,4 %).
Loin derrière avec 5,5 % de parts de marché, Lidl est toutefois en constante progression, à la différence de ses collègues.