De nombreux produits agricoles vont être affectés par le conflit entre la Russie et l’Ukraine, au premier rang desquels se trouve l’huile de tournesol dont l’Ukraine assure à elle seule la moitié des ventes mondiales, et la Russie 30 %. Il était prévu que ces deux pays exportent près de 10 millions de tonnes pour la campagne 2021-2022.
Or, les besoins mondiaux en huile de tournesol sont élevés cette année, à cause de l’effondrement de la production de colza en Amérique du Nord, du temps sec et chaud venu réduire les perspectives de production de soja en Amérique du Sud, et de la production ralentie des palmeraies en Asie du Sud-Est.
Avec l’arrêt partiel de sa trituration, l’Ukraine pourrait ne pas être capable de fournir les volumes prévus. Si le conflit dure longtemps, il sera impossible de remplacer les quantités manquantes car les exportateurs mineurs d’huile de tournesol, Argentine et Turquie, n’auront pas les disponibilités nécessaires. Les pays importateurs (Inde, Chine, Union européenne) devront alors réduire leur consommation.
Blé et maïs : inquiétudes
Au 25 février 2022, l’Ukraine et la Russie devaient encore exporter respectivement 5 et 8 millions de tonnes de blé. Difficile de savoir quelle part de ces chargements sera assurée, même au départ de la Russie avec qui beaucoup d’importateurs ne prendront pas le risque de traiter dans un contexte de sanctions. Le blocage de transactions de la banque centrale russe et l’exclusion de plusieurs banques russes de la plateforme Swift (système international d’identification bancaire) devraient handicaper lourdement les flux au départ de ce pays.
Quid aussi de l’attitude turque quant à la possibilité de laisser les bateaux franchir le Bosphore qui relie la mer Noire à la Méditerranée ? L’Australie et l’Inde disposent de stocks importants qui pourront être mobilisés. La Pologne, l’Allemagne ou la France pourront aussi répondre à une petite partie des besoins, retrouvant peut-être leur place perdue en Afrique du Nord. Mais le monde n’est pas en mesure de remplacer en totalité du jour au lendemain une région qui assure plus de 30 % des échanges mondiaux de blé.
Du côté du maïs, l’Ukraine devait fournir 18 % des ventes mondiales (33 millions de tonnes). Elle en a déjà chargé une vingtaine depuis le 1er octobre. Il lui reste 13 millions de tonnes à exporter d’ici septembre, dont presque la moitié vers l’Union européenne. Difficile là aussi d’envisager une alternative complète : en cas de prolongation du conflit, cela rendrait critique l’approvisionnement européen.