Les prix du blé continuent leur progression cette semaine, soutenus par l’achat égyptien de blé français, le second de la campagne, et entraînent dans leur sillage l’orge. Le maïs et le colza évoluent peu.
Le blé soutenu par les achats égyptiens
Les blés français poursuivent leur légère progression cette semaine avec un gain de 1 €/t sur l’échéance de décembre d’Euronext, atteignant 173 €/t, son plus haut niveau depuis huit semaines. Ils gagnent 1 €/t à 2 €/t, à 164,50 €/t rendu Rouen et 164,00 €/t rendu La Pallice, base juillet.
Les prix français sont soutenus par un euro faible face au dollar américain, donnant au grain européen un avantage sur le marché international.
Le rebond des prix à la Bourse de Chicago à la fin de la semaine a aussi entraîné les prix français dans leur sillage. Les prix de la zone de la mer Noire tirent également ceux pratiqués en France. Le blé meunier russe gagne 5 $/t sur une semaine, à 192 $/t, soutenu par des prix élevés sur le marché intérieur. Le blé fourrager ukrainien gagne également 4 $/t sur une semaine, tiré par des exportations très dynamiques.
Aux États-Unis et au Canada, les retards dans les récoltes de blé de printemps et les inquiétudes sur la dégradation de la qualité ont soutenu les cours au début de la semaine. Cependant, les semis des variétés d’hiver avancent bien et les contrats étaient en baisse sur le blé d’hiver au début de la semaine. Depuis mercredi, les prix à Chicago remontent en raison d’achats techniques sur le marché à terme.
Bras de fer avec la Russie
Les prix français sont également soutenus par l’achat du Gasc, l’autorité égyptienne en charge des achats de céréales. L’appel d’offres ouvert au début de la semaine s’est conclu par l’achat de 300 000 t de blé pour chargement entre le 26 octobre et le 5 novembre. Le prix était 3 $/t supérieur au dernier achat de ce pays auprès de la Russie au 18 septembre dernier.
Les volumes sont en faveur de la Russie, qui livrera quatre cargos à l’Égypte, soit 240 000 t. La France, quant à elle, acheminera un bateau de 60 000 t. L’offre hexagonale était plus attractive en prix Fob, à 193,8 $/t contre 197,4 $/t pour l’origine russe. En revanche, les coûts du fret ont pesé en faveur de la Russie. Le blé français, fret compris, s’affichait à 214,95 $/t Caf et le russe à 213,74 $/t Caf.
Les perspectives d’exportation sont plutôt bonnes pour la France pour les prochains jours. L’appel d’offres du Maroc pour l’achat de 576 000 t de blés européens dans le cadre du quota à tarif préférentiel se clôture le 2 octobre. La marchandise française devrait être bien positionnée. Les données portuaires indiquent d’ailleurs le chargement de quatre bateaux au départ de Rouen pour un volume de 130 000 t à destination du Maroc.
Inquiétudes en Australie et en Argentine
Ailleurs dans le monde, les inquiétudes sont toujours grandes en Australie où la sécheresse affecte la production de blé. Une partie non négligeable du blé est désormais destinée au fourrage. Les prévisions de récoltes et d’exportation du pays sont revues à la baisse par les autorités.
En Argentine, la Bourse de Rosario a fait part de ses craintes concernant un manque de pluies et des gelées tardives amputant de façon conséquente les potentiels de rendements dans plusieurs régions de production. Autre facteur pouvant influencer la dynamique des échanges internationaux du pays, les résultats des élections présidentielles du 27 octobre pourraient avec des conséquences sur sa politique commerciale avec des mesures plus interventionnistes.
La faiblesse des prix de l’orge réveille la demande
L’orge rendu Rouen a gagné 2 €/t, à 153 €/t cette semaine, de concert avec le blé, alors que les prix en dollar n’ont pas varié (173 $/t Fob Rouen), en raison de la baisse de l’euro face au billet vert d’une semaine sur l’autre. À l’international, les prix ont évolué de manière anarchique puisque dans l’hémisphère Sud, ils ont diminué (–1 $/t, à 176 $/t pour l’Argentine et –8 $/t, à 212 $/t pour l’Australie), alors que dans la zone de la mer Noire ils se sont renchéris (+3 $/t, à 180 $/t pour l’Ukraine et +5 $/t, à 181 $/t pour la Russie).
La semaine a été active sur le marché mondial grâce à un achat tunisien, un appel d’offres de la Turquie, et surtout un appel d’offres de l’Arabie Saoudite pour un peu plus de 1 million de tonnes. Sur le papier, les orges allemandes, baltes et françaises sont les plus compétitives pour y répondre. Cet appel d’offres est le plus important depuis le début de la campagne pour l’Arabie Saoudite, et la baisse des prix explique en grande partie l’importance du volume recherché par le royaume.
Sur le créneau brassicole, les cotations se sont très légèrement érodées de 1 €/t, à 154 €/t pour l’orge d’hiver et 157 €/t pour celle de printemps. Les chargements vers la Chine ont cessé et la demande mondiale est actuellement atone.
La demande en maïs s’essouffle
Les cours du maïs évoluent peu cette semaine en cette période d’intercampagne. Les récoltes ont débuté dans l’Union européenne, en Ukraine et aux États-Unis. La situation européenne reste très contrastée avec de bons potentiels prévus en Hongrie, en Roumanie et en Bulgarie, mais des résultats affectés par le manque d’eau et les fortes températures en France, en Allemagne et en Pologne.
Aux États-Unis, outre le niveau final de la production qui pose toujours question, la demande est peu présente : les chiffres de production d’éthanol des trois premières semaines de septembre sont en retrait de 4 % par rapport à la même période l’an dernier, les marges des éthanoliers étant faibles. Le président Trump a récemment proposé un plan visant à augmenter la quantité de biocarburants, comme l’éthanol à base de maïs, que les raffineries sont obligées de mélanger chaque année à l’essence, pour compenser les exemptions partielles accordées aux petites raffineries et qui suscitent la colère des farmers américains. Néanmoins, les détails de ce plan n’ont pas encore été publiés.
Dans le même temps, l’agence de protection de l’environnement a octroyé davantage de dérogations pour satisfaire le lobby pétrolier, faisant monter au créneau les producteurs de maïs. Les États-Unis peinent également à trouver de la demande à l’exportation en raison de la forte concurrence de l’Amérique du Sud et de l’Ukraine, alors que les acheteurs sont actuellement peu présents sur le marché. En Asie, la peste porcine africaine continue de se développer avec de nouveaux cas recensés cette semaine en Corée du Sud.
Le colza résiste dans un environnement baissier
Avec l’avancée de la récolte du canola au Canada, les prix à Vancouver accusent un recul de 2 $/t environ sur la semaine. Le retard important pris dans les travaux de moisson et la réticence des agriculteurs à vendre limitent toutefois la pression de la récolte. Le canola canadien vaut en effet entre 335 et 345 $/t pour livraison entre novembre 2019 et janvier 2020, contre 380 à 390 $/t l’an dernier à la même époque.
Les premiers rendements semblent satisfaisants. Les champs restant à moissonner, encore 80 % des surfaces au Saskatchewan, pourraient être rapidement collectés, car une bonne partie d’entre eux ont déjà été mis en andains. Les rendements des cultures semées les plus tardivement pourraient être moins bons que ceux des premières coupes, les températures de fin de cycle ayant été plus fraîches, et les précipitations plus abondantes, ce qui augmente les risques de dégradation de qualité et de perte de rendement.
De plus, en Australie, les perspectives de récolte sont plutôt mauvaises. Cela tempère également l’effet baissier de la pression de récolte canadienne. En France, les prix du colza sont stables sur la semaine, imperméables au recul des cours du marché canadien. Les prix cotés en Fob Moselle et à Rouen sont reconduits, à 390 €/t et 387 €/t respectivement. Ils sont notamment soutenus par la parité euro/dollar.
Ils se maintiennent également grâce au soutien de l’huile de colza, qui voit son prix monter de 5,00 €/t, à 830 €/t (à Rotterdam). La bonne demande de l’industrie du biodiesel fait monter les prix, alors que le cours de l’huile de palme est en chute libre (–43 $/t à Rotterdam), faute d’une demande dynamique sur le marché mondial, et sous la pression du cours du pétrole brut. Ce dernier perd 3 % cette semaine à 56,4 $ le baril à New York.
Stabilité aussi pour le tournesol
Alors que la récolte du tournesol progresse en mer Noire et se confirme à un bon niveau, les prix de la graine sont inchangés cette semaine. Ils restent à 330 €/t à Saint-Nazaire, et à 325 $/t au départ des ports de la Mer Noire. La bonne demande des triturateurs, sous l’effet d’excellentes marges de trituration, compense en effet l’afflux de disponibilités sur le marché.
Morosité pour le soja
À Chicago, les cours du soja ont été soutenus au début de la semaine par l’annonce de gros volumes achetés par les Chinois, 1 à 1,5 million de tonnes, aux États-Unis. La tendance s’est essoufflée à la fin de la semaine. Les données officielles des douanes américaines n’ont pas confirmé les quantités annoncées. Ces dernières se sont finalement élevées à un peu moins de 400 000 tonnes sur la semaine du 19 au 26 septembre.
Les Chinois se sont engagés au total sur environ 2 millions de tonnes pour la campagne en cours. Ces faibles volumes, ainsi que les récentes déclarations de Trump du vendredi 20 septembre affirmant ne pas avoir besoin d’aboutir à un accord commercial avec la Chine avant l’élection de 2020, et ses déclarations à l’ONU en début de semaine, fustigeant les méthodes de négociations de ses partenaires chinois dans le conflit commercial qui les oppose, ont douché les marchés.
Le soja américain perd ainsi 2 $/t cette semaine sur novembre 2019. Le tourteau de soja suit, perdant 1,5 $/t à Chicago. À Montoir, la parité euro/dollar soutient légèrement les cours : le tourteau de soja gagne ainsi 1 €/t sur la semaine, à 322 €/t. Ce prix reste bas et très attractif pour les fabricants d’aliments.
Le prix du pois reste sous la pression des prix de ses concurrents, et perd 0,5 €/t cette semaine, à 182 €/t départ Marne.
À suivre : conséquences de la sécheresse en Argentine et en Australie pour le blé et l’orge, impact des pluies au Canada sur la qualité des récoltes des céréales à paille, récoltes de canola en Australie et au Canada, semis et développement des jeunes plants de colza en Europe et Mer noire.