Un rond-point a été bloqué pendant plusieurs heures à Aire-sur-Adour, et un autre à Tartas par une vingtaine de tracteurs, engendrant une douzaine de kilomètres de bouchons sur un grand axe du département, reliant Mont-de-Marsan à Bayonne. Depuis huit jours, les éleveurs de volailles et de canards menaient déjà des opérations de barrages filtrants.
« Le compte n’y est pas »
Ils ont décidé de hausser le ton, et ont annoncé un « Vendredi noir » pour la circulation, à la suite d’une réunion infructueuse hier de l’interprofession du foie gras (Cifog) avec le ministre de l’Agriculture. « Le compte n’y est pas », résumait le Cifog dans un communiqué. Stéphane Travert « comprend la nécessité de cette indemnisation, mais évoque des problèmes d’incompatibilité européenne ». Le Cifog en appelle donc à Emmanuel Macron pour qu’il « prenne en compte la détresse de tout un bassin historique de production impacté par deux années consécutives de crise majeure ».
Les éleveurs réclament des mesures d’accompagnement qui portent sur la totalité de la crise aviaire, soit une période « bien plus longue que la crise virale aiguë ». En effet, la pénurie de canetons, à la suite de l’abattage préventif de cheptels reproducteurs, a eu pour conséquence un redémarrage complexe et a retardé des élevages, bien au-delà du 29 mai, date de fin du vide sanitaire de six semaines. Or cette période de « carence » n’est pas prise en compte dans les indemnisations.
Durcissement du mouvement
« Certains éleveurs n’ont pas pu reprendre encore la production par manque de canetons notamment, et on ne les indemnise que jusqu’à la fin de mai ! Les gars ne peuvent pas survivre, il y a beaucoup de détresse », a déclaré Michel Demon, directeur de la FDSEA Landes. Il a affirmé que la base devrait durcir le mouvement la semaine prochaine si rien n’est fait.
« La pénurie de canetons an engendré des pertes directes qui représentent jusqu’à quatre mois sans revenu pour les éleveurs », a renchéri la Confédération française de l’aviculture dans un communiqué ce jour, qui s’alarme pour la pérennité d’une filière de plus de 6000 emplois.
Le ministre de l’Agriculture a tenté de désamorcer la colère des éleveurs vendredi dans un communiqué, expliquant qu’il a « parfaitement entendu les demandes des professionnels concernant la prise en compte des pertes d’exploitation survenues après la levée du vide sanitaire du fait de la pénurie de canetons et de poussins, la filière de l’accouvage ayant été particulièrement touchée par l’épizootie. À ce jour, cependant, de telles pertes ne peuvent être prises en compte. Le ministre s’est engagé à poursuivre les réflexions, en lien avec la profession, pour tenter de dégager des solutions d’accompagnement. »
Pas sûr que ces déclarations suffisent à calmer les éleveurs. « La réponse du ministre ne peut pas être satisfaisante, explique Michel Demon, directeur de la FDSEA. Une fois levé le vide sanitaire, le ministère ne pouvait pas ignorer qu’il y aurait des problèmes d’approvisionnement en canetons et poussins. On a perdu deux mois de production, des couvoirs… L’État prend des décisions qu’il estime les plus pertinentes, mais en contrepartie, il doit indemniser les producteurs. Il peut se retrancher derrière l’Europe, mais pour les éleveurs, il ne veut pas assumer les conséquences des décisions qu’il a prises. »
La FDSEA et JA se réuniront lundi pour définir les actions à venir.