« Fixer un cap, mais pas forcément suivre le courant. » Tel est le premier conseil qu’a donné Julien Denormandie, le ministre de l’Agriculture, aux 129 citoyens, tirés au sort et présents le 25 septembre 2020, pour débattre de la Pac et du futur plan stratégique national (PSN). L’assemblée citoyenne sur l’agriculture (ACA), organisée par la Commission nationale du débat public (CNDP) dans le cadre du débat Impactons, s’est tenue ce week-end, du 25 au 27 septembre 2020, à Paris. Rappelons que le débat public Impactons répond à une obligation légale prévue dans le code de l’environnement.
Six objectifs
Ces débats ont abouti à la présentation d’un nouveau contrat pour l’agriculture qui s’articule autour de 6 objectifs :
- Assurer une transition écologique vers une agriculture durable, respectueuse de l’environnement, de la biodiversité, du bien-être animal et contribuant à la lutte contre le changement climatique ;
- Assurer une juste rémunération et retraite des agriculteurs et permettre une meilleure répartition des richesses entre tous les acteurs ;
- Assurer une alimentation saine et de qualité, accessible à tous au niveau local ;
- Garantir une production efficace économiquement qui assure un revenu digne et valorisé par la société ;
- Garantir une souveraineté européenne (agricole et alimentaire) en harmonisant les règles fiscales, sociales, environnementales, etc. ;
- Garantir la prise des décisions au niveau local et territorial qui structurent la production locale.
9 débats publics doivent encore avoir lieu en région d’ici à la mi-octobre.
Pas un débat d’expert
Les participants se sont vu assigner l’objectif d’écrire « un contrat social, un engagement mutuel, entre l’agriculture et la société ». En ouverture de l’assemblée, et peut-être pour répondre aux critiques qui fusent sur la légitimité de ce débat, Ilaria Casillo, vice-présidente de la CNDP, chargée d’organiser ce débat, a insisté sur le fait « qu’aucun sujet n’est trop technique pour être débattu » et que le débat Impactons « n’est pas le débat de ceux qui parlent à la place des agriculteurs, ni un débat d’experts ».
Pas moins de trois ministres se sont déplacés pour faire l’ouverture de l’assemblée. En premier lieu, Marc Fesneau, ministre chargé des Relations avec le Parlement français, s’est félicité de cette initiative, estimant que la France serait le seul pays de l’Union européenne dont la conception du plan stratégique national de la future Pac est précédée d’un débat public et que cela renforce de manière importante sa légitimité.
Agriculture et environnement ensemble
Barbara Pompili, la ministre de la Transition écologique, et Julien Denormandie, se sont adressés tour à tour aux participants. « Il n’y a pas de sujet réservé aux experts, c’est normal que vous puissiez donner votre avis », a débuté Barbara Pompili.
« C’est très courageux d’accepter de parler d’Europe et encore plus d’accepter de parler d’agriculture dans l’Europe », a continué Julien Denormandie, expliquant que « certains sujets électrisent notre société » et sont parfois « méchamment compliqués », en donnant l’exemple de l’agriculture de conservation des sols et du glyphosate.
« Ayez conscience que ce que vous allez faire est incroyablement utile, la consultation arrive juste en amont de l’établissement de ce plan stratégique national (PSN). Ce n’est pas du tout la même chose s’il y a un soutien démocratique fort dans notre pays résultant d’initiative comme la vôtre », a assuré Julien Denormandie.
Comme un clin d’œil aux questions sur son entente avec Barbara Pompili, Julien Denormandie a affirmé : « Agriculture et environnement, ce n’est pas un volet qui doit s’opposer », alors que plus tard Barbara Pompili a répondu : « On s’est dit avec Julien qu’on allait montrer que les temps changent ! »
Des propositions à étudier
Le ministre de l’Agriculture s’est engagé devant l’assemblée à ce que toutes les propositions qui sont faites soient étudiées par ses services et que toutes les précisions soient apportées. « Je prends un engagement, c’est que, oui, vos travaux vont être utiles. À la fin, on ne sera pas forcément d’accord sur tout. Notre engagement, c’est de vous faire des réponses, mais aussi de faire en sorte que chacun comprenne pourquoi on ne retient pas une proposition si c’est le cas », a-t-il indiqué plus loin. À la fin des échanges avec la salle, Julien Denormandie a formulé un second conseil aux participants : « Dans vos réflexions, mettez-vous à la place de l’autre. »
L’assemblée comptait 55 femmes et 79 hommes. Deux agriculteurs y ont participé aux côtés de 36 cadres et professions intellectuelles, 29 employés, 21 professions intermédiaires, 19 artisans commerçants, 16 étudiants, 9 ouvriers, 2 personnes sans étiquette et aucun inactif, selon l’AFP.
Pourquoi des gens qui ne pratiquent pas l'agriculture et qui n'en vivent pas viennent décider à notre place de notre avenir? C'est insupportable, nous sommes la seule profession à subir une telle chose. Pendant encore combien de temps allons nous subir une telle ingérence?
combien de vrais ruraux dans l'assemblée et non de "rurbains" ne vivant pas réellement à la campagne et surtout rêveurs d'une vie écolo avec toutes les commodités de la ville ....