La Région Auvergne-Rhône-Alpes a débloqué 450 000 € de crédits sur trois ans pour la mise en place d’un nouveau logiciel chargé de surveiller l’acquisition de terres agricoles par des étrangers. Visés par son président du conseil régional, Laurent Wauquiez, les Chinois seraient les premiers ciblés par ce logiciel dont l’efficacité restera à prouver.
450 000 euros, c’est le montant que la Région Auvergne-Rhône-Alpes a débloqué pour la mise en place d’un logiciel chargé de repérer les achats de terres agricoles par des étrangers. Les crédits ont été débloqués sur trois années.
« L’objectif, c’est d’empêcher le fait que les Chinois rachètent nos terres et fassent de la spéculation financière dessus. Aujourd’hui, vous ne pouvez pas acheter de terres en Chine. C’est de la folie de laisser à l’inverse nos terres pouvoir faire l’objet de démarches par des fonds spéculatifs », a expliqué Laurent Wauquiez, président du conseil régional de l’Auvergne-Rhône-Alpes.
« Un bouclier de protection »
En novembre 2017, le consortium chinois Reward Group avait acquis 900 hectares de blé dans l’Allier. « En Auvergne-Rhône-alpes, on a eu ce coup de semonce qui a été pour nous une alerte. On a travaillé pour créer un bouclier de protection qui, en s’appuyant sur les Safer, permet de détecter les ventes de terres en amont et nous-même d’intervenir avant les fonds de spéculation », a ajouté M. Wauquiez.
Lors du Sommet de l’élevage, Laurent Wauquiez a signé le 5 octobre une convention avec Jacques Chazalet, président de la Safer Auvergne-Rhône-Alpes. Ce dernier a soutenu le projet. « La loi est insuffisante et on a convenu qu’on pouvait trouver une parade sur la cession des exploitations, en travaillant avec les collectivités locales, pour maintenir l’emploi et l’activité agricole et artisanale en milieu rural. »
Lors d’une conférence du 13 décembre dernier organisée par la même Safer Auvergne-Rhône-Alpes, celle-ci avait admis que ce mode d’acquisition n’était pas nouveau et « est utilisé depuis longtemps par des agriculteurs français et européens ». Les Chinois ont finalement copié ce qui était déjà pratiqué.
Sans une évolution législative permettant de colmater la brèche, ce type d’acquisition risque de perdurer. Les chinois ne figurent d’ailleurs pas aux premières places des investisseurs étrangers. La dernière analyse des marchés fonciers ruraux de la Safer avait révélé que sur 107 acquisitions réalisées par des étrangers en 2017, l’origine des acquéreurs était majoritairement européenne (59 %). Ceux originaires du Moyen-Orient et de l’Asie viennent ensuite, à hauteur de 15 % chacun.