Enquête en cours
« On a eu quatre incendies sur la ferme en six mois ! »
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Après un premier incendie, le bâtiment agricole du Gaec Les Clos Saint-Léon, dans l’Aube, a été une nouvelle fois ravagé par les flammes dans la nuit du 2 au 3 décembre 2020. Deux tas de paille ont également été incendiés à 48 heures d’intervalle. Un coup de massue pour la famille qui a lancé une cagnotte en ligne.
C’est Mylène Rémont qui a lancé la cagnotte en ligne sur Leetchi le week-end du 5 décembre 2020 pour soutenir l’exploitation familiale Les Clos Saint-Léon. Son mari, Geoffrey Vincent, est salarié du Gaec situé au Petit-Mesnil dans l’Aube, dont le père Gérard et le frère Johan sont copropriétaires.
Le hangar de 5 500 m² a été la proie des flammes à deux reprises. La première fois, le 7 juin 2020 et la seconde dans la nuit de mercredi à jeudi 3 décembre dernier. Et à cela s’ajoutent deux tas de paille incendiés en l’espace de 48 heures, sur le champ de la famille à 1 kilomètre de leur ferme.
« Des veaux sont morts et il y a eu des avortements »
C’est aux alentours de 23h30 le 7 juin 2020 que la famille Vincent a été alertée par une voisine de l’incendie qui ravageait une partie du bâtiment agricole. Leur stock de foin de l’année précédente était en train de partir en fumée, ainsi que du matériel agricole en partie brûlé. Fort heureusement, leur troupeau de charolaises était au pré au moment de l’incendie, relate Mylène Rémont à La France Agricole.
Une chance qui ne s’est pas reproduite dans la nuit du 2 au 3 décembre dernier. Six mois après le premier incendie, un second a une nouvelle fois touché le hangar qui venait à peine d’être reconstruit.

Cette fois-ci, les quelque 200 vaches et leurs veaux étaient à l’intérieur de la stabulation de 100 mètres de longueur qui a été incendiée. Si le troupeau a pu être sauvé, « on a eu des dommages collatéraux, des veaux sont morts et il y a eu des avortements ».
Deux feux différents au même moment
Sur place, 48 sapeurs-pompiers du département de l’Aube ont été mobilisés. « Quand on est arrivé, tout ce qui était fourrage était en feu, soit 800 tonnes, et 120 tonnes d’ammonitrate étaient soumises au rayonnement, détaille la capitaine Smouts à La France Agricole. Avec l’engrais à proximité du foin, il y avait un risque d’explosion. »
Et en arrivant sur les lieux de l’incendie, les brigades ont également découvert une meule de paille qui brûlait sur un champ de la famille Vincent à 1 kilomètre de la ferme. « Il y avait deux feux différents au même moment », ajoute la capitaine. L’intervention aura duré deux jours, « car si le plus gros était fait le jeudi soir, il a fallu retirer tout le fourrage ».

Un élan de générosité et de solidarité
48 heures après les deux incendies, alors que les sapeurs-pompiers finissaient à peine leur travail sur le hangar, une meule de paille a été une nouvelle fois incendiée dans un champ de la famille Vincent. « Une enquête est en cours, on a à nouveau déposé plainte », déplore Mylène Rémont.
« Ça fait 4 ou 5 ans qu’on se prive de tout pour construire ce hangar. Tout n’était même pas encore bétonné et là, tout est détruit, certains murs sont tombés. Tous nos sacrifices sont réduits à néant, il va falloir recommencer. »
Une situation intenable qui a poussé Mylène Rémont à lancer une cagnotte en ligne malgré la réticence de son époux et de son beau-frère. « Ils ont le sentiment de mendier, mais il faut savoir accepter l’aide des autres. Ce n’est pas la peine de se mettre dans le rouge ! » affirme-t-elle.
« Il y a eu un élan de générosité et de solidarité assez important. Beaucoup de monde voulait nous aider sans avoir de foin ni de paille, poursuit-elle. Ça aide psychologiquement à tenir. Le plus dur va être dans quelques semaines quand on va se retrouver seuls. »
Encore un an de travaux
« Ami » de la famille Vincent comme il se définit, l’entrepreneur Nicolas Pailley a mobilisé son réseau pour récolter du fourrage. Plus encore, après avoir mené les travaux à la suite du premier incendie, il s’est « débrouillé pour repousser certains chantiers et venir recouvrir le hangar avant les fêtes de fin d’année pour rentrer les bêtes restantes », explique-t-il à La France Agricole.

« Ils vont couvrir en urgence. Ça va être de la petite réparation de fortune pour qu’on puisse passer l’hiver. Le reste se fera au printemps. On en a encore pour un an, résume Mylène Rémont, qui se veut optimiste pour la suite. On a pu laisser quelques bêtes dans le hangar, mais on a serré les lots pour en abriter le maximum. Il reste encore 150 génisses au pré pour qui il va falloir trouver une solution. »