Les mesures de confinement prises partout en Europe à cause du coronavirus provoquent un ralentissement important des activités d’abattage. Les marchés des vaches de réforme et des jeunes bovins sont les plus touchés.
« Le rythme des abattages de vaches réformes en France recule pour la seconde semaine consécutive, a constaté Philippe Chotteau, le responsable du département Économie de l’Institut de l’Élevage (Idele) lors d’un point de conjoncture le 9 avril 2020. Sur les deux dernières semaines, les abattages de réformes laitières étaient en baisse de 10 à 12 % par rapport à 2019, et de 20 % pour les réformes allaitantes. »
En semaine 14 [du 30 mars au 5 avril], alors que le cours de la vache U a gagné 8 centimes et retrouve son niveau de l’an passé, la cotation de la vache O a perdu 8 centimes, soit un recul de 8 % par comparaison à 2019. Une baisse qui pourrait sembler paradoxale, alors que les achats de viande hachée réfrigérée et congelée ont progressé de 24 % et de 60 %, respectivement, entre les semaines 9 et 13 par rapport à 2019, selon l’institut IRi.
Un transfert vers la distribution difficile à évaluer
« À ce jour, sans les données douanières, nous sommes incapables de savoir si les ventes en grandes et moyennes surfaces (GMS) et en boucherie ont permis une compensation totale de la fermeture de l’essentiel de la restauration hors domicile (RHD) », explique Philippe Chotteau. Les impacts réels du Covid-19 sur la filière restent difficiles à appréhender. Une chose est sûre, la viande française est en position intermédiaire par rapport aux autres pays européens.
En Allemagne, le recul des abattages de bovins atteint 13 % en cumul sur les semaines 11 à 14. Les cours sont très impactés, notamment celui de la vache O (–10 % par rapport à 2019). En Pologne, les prix, toutes catégories confondues, plongent. « Les animaux sont soit gardés en ferme, soit bradés à l’abattoir », note Philippe Chotteau. En conséquence, le pays enregistre, en semaines 12 et 13, un recul des abattages de 42 % en jeunes bovins (JB), de 39 % en génisses et de 25 % en vaches par rapport à la semaine 11.
En Irlande, si les abattages se maintiennent, les cotations de toutes les catégories enregistrent une baisse. La réforme irlandaise O chute de 11 centimes en une semaine tandis que la référence britannique perd 5 centimes sur la même période. En Italie et en Espagne, les abattages de réformes sont quasi à l’arrêt, faute de débouché.
À l’exportation, la demande italienne de viande reste ferme
Alors que les exportations de viande de la Pologne et de l’Irlande vers l’Italie sont toujours stoppées et que les envois allemands sont très perturbés, la production bovine française continue d’y arriver. « En cette période de crise, les gammes dans les linéaires sont simplifiées, et c’est la viande fraîche franco-italienne de jeunes bovins qui est privilégiée », indique Philippe Chotteau.
Les cotations françaises des jeunes bovins subissent néanmoins une baisse généralisée, de 4 à 5 centimes selon les catégories en semaine 14, alors que les abattages sont en recul. Cette baisse est particulièrement marquée chez les jeunes bovins laitiers, dont l’activité chute de 38 % en semaines 13 et 14. « Si la moitié de cette production est valorisée à l’exportation, le reste est destiné à la consommation intérieure, et notamment à la Région du Grand Est qui est sévèrement touchée par l’épidémie de Covid-19 », relève l’économiste de l’Idele.