Le thermomètre a flirté la semaine dernière, durant quelques jours, avec les –12°C sous abri dans le Nord-Est. Ce froid, accompagné de vent glacial, est arrivé sur des sols humides ou, heureusement, parfois enneigés, ce qui a permis d’avoir un effet isolant.
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Sur le terrain, les opérateurs restent plutôt confiants, même si les dégâts potentiels ne sont pas encore visibles dans les parcelles. « On sera vite fixés, puisque les températures remontent fortement en cette fin de semaine, lance un responsable agronomique d’une coopérative en Lorraine. Tout dépendra de la réhydratation des plantes asséchées par le froid. Si elle est suffisante, elles repartiront rapidement. » Les températures plus clémentes vont permettre aux plantes de ne pas se fragiliser davantage.
Dégâts foliaires très probables
Les températures minimales n’ont pas été assez froides « pour altérer significativement les céréales d’hiver (blé tendre, orge) semées à des dates intermédiaires », confirme Jean-Charles Deswarte, écophysiologiste chez Arvalis. Des dégâts foliaires seront très probables, notamment là où le vent a été très présent, et la neige trop peu épaisse pour recouvrir totalement les plantes.
Toutefois, les céréales implantées très précocement, et donc aujourd’hui à des stades avancés, ou très tardivement en cours de levée ou avant tallage, pourraient avoir subi des dégâts, car elles sont moins résistantes aux très basses températures. Même chose pour les blés durs les plus fragiles qui semblent avoir été secoués.
Gel mécanique sur céréales
Au-delà de ce risque physiologique, un déchaussement des plantes est à craindre du fait de l’action mécanique du gel, notamment dans les terres de craie de Champagne. « S’il pleut un peu, ça va tasser le sol et faire du bien », anticipe un technicien dans la Marne.
En colza, les parcelles mal installées avec une faible biomasse (200 à 300 grammes), souvent déjà fragilisées par les attaques d’insectes, ont été asséchées par le vent. « Les colzas bien avancés, au stade C2, voire D, peuvent aussi avoir reçu un coup, sans que cela soit pour autant très grave », avance un responsable agronomique dans les Hauts-de-France.
Orges de printemps semées à l’automne les plus impactées
L’inquiétude est également de mise pour certains pois d’hiver, mais surtout pour les orges de printemps semées à l’automne, dont les surfaces ont augmenté au cours de cette campagne. Au stade du début du tallage le plus souvent, beaucoup d’entre elles pourraient ne pas passer ce cap.
« Ces parcelles sont à surveiller en priorité dans les prochains jours. À partir de –6°C, il faut s’inquiéter pour les orges de printemps semées à l’automne, qui se développent en Bourgogne et en Beauce », insiste Jean-Charles Deswarte. « Le vent n’a pas arrangé les choses », ajoute-t-on en Champagne.
Ce froid a entraîné également l’arrêt de croissance des plantes, une situation assez rare ces dernières années. Il va aussi jouer un rôle d’assainissement sur les parasites et sur la structure du sol, ce qui là encore n’était pas arrivé depuis longtemps !