Chauffage de serres bio
Le gouvernement n’y est pas opposé
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À l’approche d’une réunion cruciale sur cette question qui divise le secteur, le gouvernement s’est montré ouvert au chauffage des serres en agriculture biologique, sous conditions.
Le ministre de l’Agriculture Didier Guillaume a déclaré le 9 juillet 2019 devant les sénateurs que le gouvernement n’était « pas opposé » au chauffage des serres en agriculture bio. « Nous ne sommes pas opposés au chauffage des serres, nous sommes contre la surtransposition (des directives européennes, NDLR), mais nous sommes, et je suis, très opposé à la contre-saisonnalité des fruits et légumes », a-t-il dit en exposant la ligne gouvernementale.
Le règlement européen prévoit que la production biologique doit respecter les « cycles naturels » des saisons et faire une utilisation responsable de l’énergie.
Le ministre répondait à une question du sénateur Joël Labbé (RDSE), qui fait partie de la centaine de députés et sénateurs ayant demandé à M. Guillaume de se prononcer « clairement » sur la question, dans une lettre ouverte parue mardi sur le site du Monde. En effet, le ministre avait déclaré le 18 juin son opposition aux serres chauffées « à titre personnel », pour « respecter les rythmes biologiques ».
En réaction, la Confédération paysanne a appelé le Comité national de l’agriculture biologique (Cnab) « à ne pas reporter sa décision, à ne pas céder à la pression de l’agro-industrie », et ce malgré « la volte-face » du ministre de l’Agriculture. La décision du Cnab, prévue le 11 juillet, pourrait être reportée « faute de consensus », selon Florent Guhl, directeur général de l’Agence bio.
Les JA se positionnent
De son côté, le syndicat des Jeunes Agriculteurs demande de « maintenir le chauffage en serres bio, qui est un outil indispensable à la résilience des exploitations et à la réduction des produits phytosanitaires », mais « en imposant de respecter la saisonnalité des produits ». Il se prononce en faveur d’une interdiction de production du 21 décembre au 21 mars.
Outre leur opposition à la production de fruits et légumes hors saison, la Fédération nationale des agriculteurs biologiques (Fnab) pointe aussi le bilan carbone des serres chauffées. « Autoriser la vente de tomates bio dès le premier jour du printemps revient à autoriser de chauffer les serres bio pendant tout l’hiver à plus de 20 degrés, l’équivalent de 200 000 à 250 000 litres de fioul par hectare », a déclaré Jean-Paul Gabillard, producteur maraîcher et secrétaire national de la section en charge des légumes à la Fnab.