Accident sur la ferme, homosexualité, réchauffement climatique, violences conjugales... Les thématiques abordées par Alain Charbonneau dans ses œuvres sont variées, et ses histoires souvent inspirées de la vie quotidienne. Rien ne prédestinait ce natif de la campagne vendéenne à devenir écrivain.
« J'étais fâché avec l'orthographe et j'ai fini ma scolarité un peu désabusé, raconte l'intéressé. Par contre, je lis énormément. » L'éleveur laitier, installé à Saint-Christophe-du-Bois, dans le Maine-et-Loire, commence par rédiger des lettres publiées dans le courrier des lecteurs de divers journaux.
Son objectif ? Dénoncer « l'hypocrisie », « l'injustice » et « montrer que le monde agricole n'est pas en retard d'un siècle ». Un jour, l'amie d'une de ses filles lui confie son homosexualité et son mal-être. Touché, Alain saisit l'occasion pour candidater à un concours national contre l'homophobie avec un scénario de 2,5 pages.
Son texte remporte la cinquième place, sur 900. Il est adapté dans un court-métrage, Pauline (1), réalisée par Céline Sciamma et jouée par Anaïs Demoustier et Adèle Haenel, et diffusé par Canal+. L'éleveur décide alors d'écrire toute l'histoire mais celle-ci restera huit ans dans un placard !
240 livres vendus en un mois
Les années passent, et après un accident en 2013 qui entraîne la mort de la moitié de son troupeau, suivi d'une bataille judiciaire pour faire reconnaître — sans succès — la faute de l'entrepreneur, Alain publie Prudence en 2019 via l'association Ecrituriales.
Il y conte cet évènement tragique, mais aussi les mutations du monde agricole et les ravages du changement climatique. L'auteur se félicite des « 240 exemplaires vendus le premier mois, avec de bons échos dans la presse locale ».
« Je réfléchis dans mon tracteur et je prends ma plume le soir. »
Dans la foulée, il sort en 2020 son premier roman, « Alex dite Alexandra », l'histoire écrite 8 ans plus tôt. « Lors de dédicaces, certaines mères m'ont parlé de l'homosexualité de leur enfant », confie l'agriculteur. L'année suivante, il se prête à un nouvel exercice, la pièce de théâtre (lire l'encadré), où il aborde la question des violences conjugales.
Et à la fin de 2022, il venait de terminer un roman animalier pour la jeunesse, et dans lequel il parle aussi du climat. « C'est l'histoire que j'ai à raconter qui donne la forme de ce que j'ai à écrire », explique Alain. Où cet éleveur, mari, père et grand-père, trouve-t-il le temps nécessaire ? « Je réfléchis dans mon tracteur, et je prends ma plume le soir. »
(1) Disponible sur youtube.