Pourquoi cette battue exceptionnelle ?

Nous avons signé le 21 novembre dernier un plan départemental du sanglier, et la battue faisait partie des mesures du plan. Les prélèvements augmentent régulièrement depuis 5 ans dans notre département. Près de 24 000 bêtes ont été tirées en 2018, mais cet effort ne suffit toujours pas. Les sangliers continuent de provoquer des accidents sur les routes, de dégrader les champs, et de ralentir la régénération des forêts.

Comment la battue a-t-elle été organisée ?

Nous avons pris un arrêté préfectoral de battue concertée à l’initiative du préfet, c’est-à-dire que les chasseurs tiraient sur leurs propres chasses, encadrés par des lieutenants de louveterie. Le dispositif était donc différent des battues administratives, dans lesquelles les chasseurs sont envoyés dans d’autres territoires.

 

Ce qui était exceptionnel c’est l’ampleur du dispositif, avec 150 chasseurs sur 450 hectares, et la coupure de l’autoroute à proximité, qui a nécessité une quarantaine de membres des forces de l’ordre et du personnel des routes. 36 sangliers ont été décomptés au tableau, c’est un excellent résultat.

Les chasseurs ont-ils répondu présent à la convocation préfectorale ?

En Moselle, il y a une tradition de coopération forte entre l’État et les chasseurs. La quantité de gibier est telle que les bêtes peuvent être tirées tout au long de l’année, même pendant les chantiers de récolte, avec des techniques interdites ailleurs, comme le plomb ou les sources lumineuses.

 

Ces pratiques sont encadrées en matière de sécurité par la fédération départementale de chasse, en qui nous avons confiance, et qui partage notre constat sur l’urgence de la régulation. Le dispositif mis en place le 13 janvier, tant en matière de sécurité routière que de blocage des sentiers pour vélos et piétons, a ainsi permis aux chasseurs de tirer dans de bonnes conditions, et ils se sont mobilisés en conséquence.

Comment les habitants, et les agriculteurs, ont-ils accueilli cette opération ?

Ce type de battue fait parfois chou blanc, lorsque des individus encouragent les animaux à s’enfuir la nuit précédente. Mais personne n’a empêché cette battue-là de se dérouler dans de bonnes conditions, notamment parce que le problème de sécurité routière est évident. Du côté des agriculteurs, l’un des représentants de la FDSEA m’a confié qu’il n’avait jamais vu un tel prélèvement. À l’occasion de travaux sur l’autoroute cet été, la FDSEA nous avait d’ailleurs déjà demandé de profiter des limitations de vitesse pour organiser une battue. Les conditions de sécurité n’étant cependant pas suffisantes, nous nous étions engagés à organiser la battue plus tard.

Quels facteurs peuvent expliquer l’effectif actuel de gibier dans votre département ?

La Moselle est un département de chasse au grand gibier, encouragée par la proximité de Paris, de la Belgique et du Luxembourg. Or le problème de ce type de chasse, c’est une tendance à augmenter le cheptel, pour préserver le capital. Vous ajoutez à cela des conditions climatiques favorables à la reproduction du sanglier, et un développement de la céréaliculture dans le département, cela donne des conditions explosives.

Le plan départemental contient-il d’autres mesures ?

Le plan prévoit aussi le renforcement des lieutenants de louveterie, des mesures d’expansion des possibilités de tirs, ainsi que des mesures d’écoulement de la venaison. Souvent, les chasseurs tirent moins car ils ne savent plus quoi faire des carcasses, et nous avons donc créé en octobre un point de collecte, avec toute une filière en appui.

 

Les carcasses sont inspectées, préparées et conditionnées en chambre froide, puis elles sont récupérées par un transformateur de l’Aisne, qui prépare des pâtés, des saucissons, ou des viandes à cuire. Une partie de ces produits revient même dans le département pour alimenter la restauration collective.