Brésil, Népal, Belgique, Canada, Mali, ou encore Nouvelle-Zélande : tous les continents et de nombreux pays étaient représentés lors du sommet international des jeunes agriculteurs du 17 avril 2019, coorganisé par Terres Innovantes, Jeunes Agriculteurs et l’Afdi, dans le cadre de la décennie pour l’agriculture familiale.

 

Une occasion unique pour les jeunes d’échanger, avec leurs propres mots, sur leurs difficultés. Et, d’un bout à l’autre de la planète, celles-ci sont plus proches qu’on ne pourrait le croire.

 

« Aux États-Unis, l’accès au foncier est le principal obstacle à l’installation des jeunes agriculteurs, mais c’est également le cas dans tous les pays du monde », rappelle ainsi Sophie Ackoff, chargée de campagne au sein de la National Young Farmers Coalition aux États-Unis.

La terre, rêve inaccessible

En Nouvelle-Zélande également, la plupart des aspirants exploitants doivent économiser jusqu’à leurs 45 ans pour acquérir cinquante ou cent hectares. « Avoir sa ferme est devenu un rêve inaccessible en Nouvelle-Zélande », confirme Chelsea Miller, présidente du comité national des Jeunes Agriculteurs de la Nouvelle-Zélande.

 

Le système de « share-farming », notamment dans le secteur laitier, permet alors aux jeunes de travailler avec leur propre bétail sur les terres et dans les bâtiments d’un propriétaire, en partageant les revenus dégagés. « Notre pays explore une voie plutôt productiviste, avec des exploitations de grande taille, qui produisent de bons résultats, mais dont la transmission est plus difficile », explique Chelsea Miller.

 

Or, dans de nombreux pays, une majorité d’agriculteurs s’apprête à partir à la retraite, sans que la génération suivante soit en mesure de reprendre les exploitations. Aux USA, avec une moyenne d’âge de 59,5 ans chez les farmers américains, la crise s’annonce grave. « Les terres vont bientôt changer de main, mais les jeunes ne sont pas bien positionnés pour les acquérir », déplore Sophie Ackoff.

Nouveaux acteurs économiques

Si les jeunes ne peuvent acquérir leurs terres, d’autres acteurs économiques en ont en revanche les moyens. « Des fermes ovines dans les îles du Sud se vendent pour plusieurs millions, ce qui entraîne beaucoup d’investissements étrangers, avec des enjeux évidents de sécurité alimentaire », s’inquiète Chelsea Miller.

 

Samuel Vandaele, nouveau président de JA, au milieu de ses homologues internationaux. © I.L./GFA
Samuel Vandaele, nouveau président de JA, au milieu de ses homologues internationaux. © I.L./GFA

Au Mali aussi, le foncier part au plus offrant. « On a vu des investisseurs nationaux ou internationaux s’approprier des terres chez nous, et déposséder les paysans. Ce fléau a entraîné des exodes des producteurs, et nous avons mené des plaidoyers pour tenter de trouver des solutions », raconte Ibrahim Sidibé, éleveur de volailles au Mali, et membre du réseau des Organisations paysannes et de producteurs agricoles de l’Afrique de l’Ouest (ROPPA).

Jeunes, et solidaires

Si le foncier est l’enjeu majeur, de nombreux autres obstacles limitent les installations, comme l’accès aux crédits bancaires, le manque d’infrastructures dans les territoires ruraux, ou encore la faible considération pour la profession agricole.

 

Ces enjeux ont été consignés dans un manifeste que les représentants des jeunes agriculteurs ont lu en clôture du sommet, en s’adressant « aux responsables politiques nationaux et internationaux ». Pour résoudre les problèmes identifiés, les jeunes agriculteurs ont déjà plusieurs projets : des journées de mobilisation internationale, mais également une plateforme, qui permettra « des échanges de bonnes pratiques ».

 

Samuel Vandaele, à la tribune du SIJA. © I.L./GFA
Samuel Vandaele, à la tribune du SIJA. © I.L./GFA

Au-delà de ces engagements, la rencontre a montré que le renouvellement des générations en agriculture est un défi mondial, qui ne sera résolu que par l’alliance de politiques de développement rural, de plans de filière, et par les soutiens à l’installation.

 

« Si nous n’arrivons pas à renouveler les générations, je vous laisse imaginer les conséquences terribles pour nos campagnes et notre alimentation », conclut Samuel Vandale, le nouveau président de Jeunes Agriculteurs.