Léa pour les relations avec les profs, Jérémy au script, Paul à la caméra et au montage, Julien au son, Hugo pour les repérages chez les agriculteurs : ces cinq étudiants du BTS en production végétale de Beaulieu, près d’Auch, ont constitué une équipe qui n’a rien à envier aux professionnels.
Avec la musique épique, les images au drone, et le générique défilant, on sent, en visionnant ce film de seize minutes, que ces jeunes ont intégré les codes des vidéos des réseaux sociaux. Ils avouent, d’ailleurs, suivre de nombreux agriculteurs sur YouTube. Gaël Blard, l’Earl de la Lunelle, ou encore David Forge font partie de leur quotidien.
L’art de la débrouille
Le film a été tourné dans le cadre d’un module de formation du BTS consacré à la communication. « Le projet initial, c’était de montrer des jeunes qui ont osé s’installer », explique Hugo Castéran, l’un des étudiants.
Les étudiants ont d’abord préparé les questions qu’ils poseraient aux agriculteurs interrogés, avec l’aide d’un enseignant. Puis, pour les quatre jours de tournage, ils ont emprunté une caméra auprès d’un autre lycée. « On a tourné en février et en mars, sur deux semaines », indique Hugo. Système D toujours, le drone et le micro ont été prêtés par le père d’un ami.
Le montage a été réalisé par Paul Marsan sur son propre ordinateur. De l’aveu du reste de la bande, c’est lui, qui est le plus doué avec le matériel informatique. « Ça m’a pris vingt heures environ. Je faisais ça le soir, sur le canapé. Les autres étaient derrière moi pour m’aider », raconte Paul. Les garçons du groupe, précise-t-il, sont également colocataires.
Jeunes agriculteurs, nouvelles agricultures
On rencontrera dans le film quatre exploitants : un éleveur laitier, un viticulteur, un céréalier, et une cunicultrice. « Ce sont des gens qui vendent en circuit court, ou qui se sont convertis au bio, et qui ont une réflexion poussée sur leurs systèmes », estime Hugo.
Des nouvelles manières de vendre ou de produire, qui sont en lien avec ce qu’on enseigne dans le BTS en productions végétales à Beaulieu. « Les études agricoles sont vraiment adaptées au tournant que vit le secteur. On nous montre que des nouvelles choses existent. Il y a une vraie ouverture d’esprit », juge Hugo.
Quand on les interroge sur les techniques qui les intéressent par-dessus tout, Hugo et Paul n’ont aucun doute, et parlent d’une seule voix. « Le semis direct et les techniques culturales simplifiées, on se documente beaucoup dessus. Pour nous, les cultures, c’est la base du métier. C’est seulement en étant bon sur les productions végétales, qu’on peut envisager l’autoconsommation, et qu’on peut vraiment valoriser ses produits. »
Plus déterminés que jamais
Sur les cinq cinéastes en herbe, quatre sont issus du milieu agricole. Ils ont grandi sur des exploitations avec des ateliers porcins, des vaches allaitantes, de la vigne, ou encore des volailles de chair, et ils sont loin de repousser cet héritage. « L’agriculture, on est nés dedans, et c’est une passion », sourit Hugo.
À l’issue de leur formation, les cinq étudiants aimeraient donc s’installer à leur tour. « On pense d’abord aller travailler à l’extérieur, peut-être à l’étranger. Pour prendre du recul sur les systèmes, et acquérir de l’expérience. Ensuite, on aimerait reprendre les fermes familiales », confie Hugo.
C’est pour cela, sans doute, que les rencontres avec les agriculteurs ont été d’autant plus riches. « C’était passionnant de faire les prises de vues, de prévoir nos images, d’expliquer aux personnes interviewées ce qu’on voulait. Mais derrière, on a surtout beaucoup discuté avec eux, parfois jusque tard dans la soirée », se réjouit Hugo.