« Le sud du Canada et le nord des États-Unis, notamment le nord du Dakota, concentrent toutes les attentions », a déclaré Marion Duval, adjointe au chef de l’unité des grains et du sucre de FranceAgriMer, lors la conférence de presse de l’organisme, le 9 octobre 2019. Les récoltes de ces territoires nord-américains ont en effet été stoppées par des pluies importantes, soulevant des « inquiétudes quant à la quantité et la qualité des grains, d’autant plus au Canada où un couvert neigeux se maintient sur les récoltes de blé tendre et blé dur. »

Une situation mondiale tendue pour le blé dur

La récolte de 2019-2020 de blé dur est ainsi attendue en forte diminution, à 35,7 millions de tonnes (Mt), contre 38,2 Mt l’année dernière. « Dans l’Union européenne, la baisse de production est portée par une diminution des surfaces. Le blé dur s’affichait à des prix qui n’étaient pas très avantageux par rapport au blé tendre l’année dernière, au moment des semis », ajoute la spécialiste. Au Canada, la qualité de la récolte est en jeu. « Plus de la moitié du blé dur pourrait être dégradée en classes 3, 4 et 5, c’est-à-dire les moins bonnes classes qui ne sont pas pastifiables. »

 

Une demande très active à l’exportation pour le blé français est donc attendue. Les grands pays importateurs, l’Italie et le Maghreb, se tourneront en effet vers les productions européennes et notamment française, excellente tant au niveau de la qualité technologique que sanitaire. Il est à noter que le Maroc connaît une mauvaise récolte en raison de sécheresse, et sera donc aux achats de blé dur.

 

« Il y aura aussi un peu de demande pour du blé espagnol et grec, ajoute Marion Duval. Les marchés ont très vite réagi aux nouvelles du blé canadien : sur le marché français en Fob Méditerranée, le cours du blé dur a pris 40 €/t, avec un prix qui s’affiche autour de 250 €/t. » L’exportation française de blé dur est attendue en hausse de 100 000 t d’un mois sur l’autre. « La fin de campagne s’annonce avec un stock très serré, à 152 000 t seulement, soit une diminution de 60 % par rapport à l’année dernière. »

Une année record pour le blé tendre

La situation du blé tendre est toute autre : des récoltes records sont attendues notamment en Argentine. Le pays, touché par la sécheresse, a bénéficié de pluies en septembre, réduisant les inquiétudes. En Australie, la sécheresse risque également d’impacter les récoltes d’orge et de blé tendre.

 

« Dans ses prévisions de septembre, le CIC annonçait une récolte record à 727,8 Mt, en progression de presque 5 % par rapport à l’année dernière, indique Marion Duval. Les principaux pays exportateurs ont tous une variation de production positive d’une année à l’autre, ce qui explique une forte abondance du marché en blé tendre. » La consommation est aussi attendue en hausse, à 720,4 Mt contre 701 Mt l’année dernière.

 

La demande est assez dynamique, avec le Maroc et l’Algérie qui a été aux achats, ainsi que la Chine. Au niveau européen, la France a réussi à se positionner sur l’appel d’offres égyptien la semaine dernière. « Le blé français en prix Fob est plus compétitif que le blé de la mer Noire, explique-t-elle. C’est le fret qui fait qu’on ne remporte pas tous les appels d’offres, notamment le dernier dont les résultats viennent de tomber : la France n’est pas présente. » La production française plafonne à 39,7 Mt, et les exportations vers les pays tiers ont été revues à la hausse d’un mois sur l’autre, à 11,7 Mt.