Une équipe de chercheurs de l’Inra et du CNRS a montré pour la première fois que la pollinisation par les abeilles surpassait l’utilisation de produits phytopharmaceutiques dans le rendement et la rentabilité du colza.
Pour cela, elle a analysé quatre années de données collectées dans des parcelles d’agriculteurs d’une plaine agricole des Deux-Sèvres (Nouvelle-Aquitaine). Cette étude est parue dans Proceedings of the Royal Society London B le 9 octobre 2019.
Augmentation de rendement et de marge brute
Les scientifiques ont quantifié les effets individuels et combinés des pesticides, de la pollinisation par les insectes et de la qualité du sol sur le rendement et la marge brute du colza (Brassica napus L.) sur une taille d’échantillon variant de 85 à 294 parcelles cultivées de la Zone Atelier Plaine & Val de Sèvre de 2013 à 2016. Cette étude démontre une augmentation de rendement et de marge brute (en moyenne de 15 %, soit de 119 €/ha, et allant jusqu’à 40 %, soit de 289 €/ha) dans les parcelles avec une abondance de pollinisateurs maximale par rapport aux parcelles pratiquement dépourvues de pollinisateurs.
Effet réduit par l’utilisation de pesticides
Cet effet est toutefois fortement réduit par l’utilisation de pesticides. L’analyse des effets des produits phytopharmaceutiques (herbicides et insecticides), d’une part, et de la pollinisation par les abeilles, d’autre part, révèle que les deux stratégies permettent d’obtenir des rendements élevés ; mais seule la pollinisation par les abeilles permet une rentabilité économique plus élevée. Ceci s’explique par l’absence de coûts des solutions fondées sur la nature par rapport aux produits phytopharmaceutiques, et ces derniers n’augmentant pas suffisamment les rendements pour contrebalancer leur coût.
« Cette nouvelle étude suggère que l’agroécologie, en promouvant les solutions fondées sur la nature pour la production agricole, peut-être un modèle agricole alternatif « gagnant-gagnant » assurant production agricole, revenu aux agriculteurs et protection de l’environnement », estiment l’Inra et le CNRS.