Plusieurs dizaines de milliers de chasseurs ont manifesté, le samedi 18 septembre 2021, pour défendre la chasse, mais aussi le « monde rural menacé » et les « traditions en danger ». Selon le ministère de l’Intérieur, ces rassemblements ont réuni 42 000 personnes, dont 16 000 à Mont-de-Marsan (Landes), 12 000 à Amiens (Somme) et entre 4 000 et 5 000 à Forcalquier (Alpes-de-Haute-Provence), Caen (Calvados) et Redon (Ille-de-Vilaine). Partout, des agriculteurs étaient présents dans les cortèges.

« Ce n’est pas que la chasse, c’est tout un art de vivre »

À Mont-de-Marsan où 16 300 personnes ont défilé selon la préfecture (20 000 selon les organisateurs), Christian Bonas, chasseur dans le Lot-et-Garonne, s’insurge : « Dans nos campagnes, le portable ne passe pas, on a plus d’épiceries ni de pharmacie, on est délaissés de partout et maintenant, on veut nous enlever nos traditions, notre chasse, transmises par nos anciens. C’est complètement anormal ! »

 

Myriam, épouse d’un chasseur et gaveur de palmipèdes et amatrice de corrida, veut continuer à « transmettre ces traditions » aux plus jeunes. « Ce n’est pas que la chasse, c’est tout un art de vivre », glisse-t-elle.

Agriculteurs, pêcheurs, forestiers, propriétaires ruraux et professionnels du cirque

À Redon, près de 10 000 personnes (entre 4 000 et 5 000, selon la préfecture) ont défilé à l’appel des fédérations de chasse de la Bretagne et des Pays de la Loire. De nombreux chasseurs bien sûr, mais également des agriculteurs, des pêcheurs, des forestiers, des propriétaires ruraux et des professionnels du cirque.

 

Ils étaient réunis pour promouvoir et défendre la ruralité d’une seule et même voix. Le long cortège a défilé dans la ville aux sons des cors de chasse, devancé par les meutes de chiens. La manifestation s’est déroulée dans une ambiance « bon enfant », avec la présence de nombreuses familles.

Un ministère de la Ruralité

La ministre de la Transition écologique, Barbara Pompili a été la cible de la colère des manifestants à Amiens, son fief électoral, où 12 000 chasseurs, pêcheurs et agriculteurs ont défilé, selon la préfecture. « Qu’on nous laisse vivre ! », a lancé à la foule le président de la Fédération nationale des chasseurs, Willy Schraen, appelant à la création d’un grand ministère de la Ruralité, « pour s’y sentir enfin chez nous ».

 

« Moi, je suis aux côtés des ruraux. J’en ai assez de les voir caricaturer, a affirmé le candidat à la présidentielle Xavier Bertrand, présent à Amiens, interpellant Emmanuel Macron. Il dit qu’il soutient les chasses traditionnelles mais son gouvernement fait le contraire. Il faut arrêter le “en même temps”, une blague hypocrite. »

 

Sur TV5 Monde, Barbara Pompili a assuré le même jour qu’elle n’était « pas une ministre pour ou contre la chasse » : « Je suis une ministre qui doit protéger la biodiversité et donc quand elle est en danger, je prends mes responsabilités », a-t-elle expliqué.

Chasses traditionnelles d’oiseaux jugées illégales

En août, le Conseil d’État a jugé plusieurs techniques de chasse traditionnelle avec des filets (pantes, tenderies) ou des cages (matoles) contraires à la directive européenne « Oiseaux » de 2009, qui interdit les techniques de capture massive d’oiseaux sans distinction des espèces capturées. La justice avait déjà jugé illégale, en juin, la chasse à la glu, qui consiste à piéger des merles et des grives sur des tiges enduites de colle, mais qui conduit à capturer aussi d’autres espèces d’oiseaux.

 

Dans la semaine, le gouvernement a toutefois mis en consultation plusieurs arrêtés pour réautoriser certaines de ces chasses, au grand dam des défenseurs de l’environnement.