Ouvert le 2 mars 2021, ce nouveau « maxi-procès » en Italie, dans lequel 97 inculpés comparaissent devant un tribunal de Messine, se tient un an après une des plus vastes opérations anti-mafia jamais organisées sur l’île.

Des parcelles sans demande de subventions

L’affaire implique deux clans mafieux rivaux opérant autour de Tortorici, dans le vaste parc national Nebrodi, dans le nord-est de la Sicile. Les deux groupes exerçaient une influence bien plus loin, ayant notamment des relations avec la Cosa Nostra de Palerme, selon les juges.

 

L’escroquerie consistait à localiser systématiquement les parcelles de la région dont les propriétaires n’avaient pas demandé de subventions européennes, puis à créer de faux actes notariés pour le terrain ou à forcer les propriétaires à rédiger de faux baux de location pour des membres de la mafia.

 

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Depuis 2013, les deux clans associés auraient détourné plus de 10 millions d’euros de subventions versés par l’AGEA, l’agence des paiements agricoles italienne qui coordonne la répartition des aides européennes, pour des terres ne leur appartenant pas.

Une saisie de 160 parcelles

Ces agissements ont entraîné « un préjudice très grave à l’économie locale et privé des opérateurs honnêtes de ressources publiques considérables », avait écrit le juge dans son ordonnance autorisant l’opération de janvier 2020 qui avait permis un vaste coup de filet et la saisie de plus de 160 parcelles de terrain.

 

La fraude a été organisée avec l’aide d’ex-employés de l’AGEA, un notaire, et des dirigeants de sociétés privées d’assistance aux agriculteurs s’occupant de remplir les dossiers de demandes de subventions. Ces dirigeants, selon les juges, avaient accès aux bases de données pour repérer les parcelles dignes d’intérêt et savaient comment se jouer du système.

Un protocole pour décourager les fraudes

L’ancien président du parc Nebrodi, Guiseppe Antoci, un militant anti-mafia qui avait mis en place en 2015 un protocole sur les locations de terres agricoles pour décourager les fraudes, était présent mardi au procès.

 

En 2016, la mafia avait tenté de l’assassiner. Son protocole a ensuite été généralisé à l’ensemble du pays. « Nous avons attaqué la riche, puissante et violente mafia foncière avec une opération sans précédent et c’est pourquoi ils ont tenté de me tuer, a déclaré Guiseppe Antoci. Je les regarderai droit dans les yeux, sans peur […] et avec la seule force dont je dispose, celle de l’État. »

 

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