Philippe Royer ne cache pas sa déception. Roué de coups le 27 août 2020 devant la mairie de Saint-Aignan, dans la Sarthe, cet agriculteur de 57 ans le concède : « Je m’attendais à une peine plus lourde. »

 

Cinq ans de prison avec sursis et 100 euros d’amende

Le 11 mars 2021, le tribunal correctionnel du Mans a condamné l’agresseur de l’agriculteur, un voisin de la commune, à cinq ans d’emprisonnement délictuel avec sursis probatoire pendant une durée de 24 mois.

 

À cette peine jugée « trop faible » par Philippe Royer toujours traumatisé de son agression, s’ajoutent des obligations : le suivi de soins, l’exercice d’une activité professionnelle ou d’une formation, l’interdiction d’entrer en contact avec la victime et l’obligation de réparer le préjudice dans son entier.

 

Dans une lettre adressée au plaignant transmise à La France Agricole, est stipulé que l’agresseur a également la charge du paiement d’une amende de 100 euros. Le tribunal correctionnel du Mans statuera le 6 juillet 2021 sur les intérêts civils.

Une agression qui « reste gravée à vie »

Sept mois après les faits, Philippe Royer n’a pas oublié. Touché aux côtes et au nez, le médecin spécialisé en agression lui avait prescrit 35 jours d’incapacité totale de travail. « J’ai eu du mal à dormir, j’avais très mal, raconte-t-il. C’est un traumatisme et même si maintenant c’est du passé, ça reste gravé à vie. »

 

Et d’ajouter : « J’aime mon métier, mais parfois c’est pesant. » Car si son agresseur a depuis déménagé à quelques kilomètres de Saint-Aignan, d’autres riverains « rouspètent » et se plaignent de l’odeur des épandages de lisier de veau. « Certains de mes voisins agriculteurs me racontent des histoires. J’en ai entendu des vertes et des pas mûres ! Un homme est par exemple entré sur une exploitation pendant un épandage et il a tout filmé avec son portable comme si c’était un délit. Pourtant, on essaye de mettre du nôtre, mais ça ne suffit pas toujours. »

 

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La parole entre agriculteurs « s’est libérée »

Pour tenter d’apaiser les craintes du voisinage, Philippe Royer explique qu’il essaie d’épandre en début de semaine, le mercredi au plus tard, pour espacer du week-end où les gens sont dehors.

 

S’il regrette cette situation qu’il espère voir s’adoucir au fil du temps, il remarque que depuis son agression, les agriculteurs se permettent davantage de se confier. « La parole s’est libérée entre nous, constate-t-il avec émotion. Chacun raconte ce qui lui est arrivé, c’est moins tabou. »