La guerre en Ukraine et la détérioration des relations commerciales avec la Russie entraîne une grave crise énergétique « comparable au choc pétrolier de 1973 », a exprimé Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, le mercredi 9 mars 2022. Le gaz, et notamment le biométhane, a occupé une partie de la conférence sur la souveraineté énergétique de l’Europe, organisée à Paris dans le cadre de la présidence française du Conseil européen. L’Europe importe 40 % de son gaz et un quart de son pétrole depuis la Russie.

Outil d’indépendance énergétique

L’objectif de diviser par trois la dépendance de l’Union aux hydrocarbures russes avant la fin de l’année 2022 a été martelé. « La bonne réponse à apporter à cette crise, c’est l’indépendance énergétique totale de la France et de l’Europe », a souligné le ministre de l’Économie.

 

La veille, le 8 mars, la Commission européenne présentait le projet « REPowerEU ». L’institution veut multiplier par deux les objectifs de production de biogaz pour 2030. L’ambition précédente était de produire 17 milliards de m3 annuels, elle est désormais fixée à 35 milliards. Cette valeur représente une multiplication par dix par rapport à la capacité de production actuelle.

 

Dans la foulée de Bruno Le Maire, la directrice générale d’Engie, Catherine MacGregor, a également loué le gaz vert. Elle s’est dit convaincue qu’un système énergétique fiable et robuste reposera en partie sur le biogaz et espère que la situation actuelle conduira à une meilleure acceptation des énergies renouvelables (EnR), en citant la méthanisation et l’éolien.

Mettre les moyens en face des objectifs

Jean-François Carenco, le président de la Commission de régulation de l’énergie (CRE), lui a emboîté le pas en saluant les nouvelles ambitions européennes sur le biométhane. « Les investissements vont être gigantesques », a-t-il cependant souligné. Il propose que la France et l’ensemble des gouvernements européens lancent d’importants appels d’offres de méthaniseurs, pour « très vite doubler la production annuelle ». Il a précisé qu’au prix actuel du gaz « ça n’aurait pas de coût pour les finances publiques ».

 

Bruno Le Maire a en effet rappelé que le gel des prix de l’énergie allait peser pour 10 milliards d’euros sur le budget de l’État, au prix actuel du gaz. Il a aussi ouvert la porte à une exception au dogme de la non-affectation des recettes fiscales. Le ministre a en effet évoqué le fléchage vers le développement des EnR des revenus de la taxation sur les énergies fossiles.