Estimée à 1,8 Mt par le ministère de l’Agriculture, la récolte française de blé dur avoisinerait plutôt 1,6 Mt selon les opérateurs, contre 2,1 Mt en 2017. La production se caractérise par une très grande hétérogénéité selon les régions. Très touché par les aléas climatiques, le Sud est en fort recul avec une baisse de production sur un an de 37,4 % en Paca, 35,5 % en Languedoc-Roussillon et 18,9 % en Midi-Pyrénées, selon Agreste. Arvalis note que les rendements dans le Sud-Ouest n’ont pas dépassé 40 q/ha et que la qualité y est mauvaise, avec un taux de mitadinage et de moucheture élevé. Les organismes stockeurs vont devoir soigner le travail du grain s’ils veulent le valoriser.
À l’opposé, la région Centre obtient de bons résultats avec des rendements supérieurs à 70 q/ha (0,5 à 0,6 Mt attendu), un taux de protéines à plus de 14,5 % et de très bons poids spécifiques. À cela s’ajoute une récolte correcte sur la zone Ouest Océan. « La qualité du blé dur dans ces deux régions est globalement bonne par rapport aux années précédentes, indique Jean-François Loiseau, président d’Intercéréales. Nous disposons ainsi de suffisamment de volumes qualitatifs pour servir les industriels français. » Les cinq grandes semouleries de l’Hexagone transformant près de 600 000 t par an de blé dur de haute qualité, il risque de ne pas en rester beaucoup pour l’exportation.
Le Canada attend la pluie
Sur le plan international, le bilan s’annonce à l’équilibre. Le Canada, plus gros producteur mondial, est actuellement frappé par la sécheresse. Sa récolte, attendue fin août, pourrait être très inférieure à 6 Mt, loin des 6,5 Mt que laissait espérer, il y a quelques semaines encore, la hausse des surfaces. Si la perspective d’un marché très lourd s’en trouve écartée, l’heure n’est toutefois pas au risque de pénurie. Les stocks sont confortables en Amérique du Nord. En Afrique du Nord, les bonnes récoltes limiteront les besoins d’importations, en Algérie comme au Maroc. En revanche, l’Italie, gros importateur mondial, a engrangé une petite récolte et de bien moindre qualité que l’an passé, ce qui va la contraindre à accroître ses importations de blé dur de haute qualité.
« Si la sécheresse persiste au Canada, cela devrait générer une forte nervosité sur le marché dans les semaines à venir en raison de la mauvaise récolte européenne, estime Gabriel Omnès, analyste chez Tallage/Stratégie grains. L’offre en blé dur de bonne qualité sera concentrée en Amérique du Nord, ce qui devrait favoriser une prime conséquente face au blé tendre. Les blés durs de mauvaise qualité afficheront un différentiel bien moindre si ce n’est nul, mais profiteront du contexte haussier du blé tendre. »