« Ce n’est pas parce que l’on mange uniquement des produits végétaux que l’on mange sain », commente Benjamin Allès, chercheur à l’Inrae, qui a dirigé une étude consacrée à la part des produits transformés dans les régimes végétariens, véganes et omnivores (flexitariens compris).
L’Eren (1), l’équipe française de recherche en épidémiologie nutritionnelle, qui réunit des chercheurs, des professeurs et des maîtres de conférences, issus de l’Inserm, l’Inrae, du Cnam et de l’Université Sorbonne Paris Nord, s’est penchée sur les habitudes de consommation de la cohorte Nutrinet Santé. Cette dernière rassemble 160 000 personnes dans toute la France. Étudié depuis 2009, ce vaste échantillon questionné en ligne, a permis de mener une nouvelle étude sur la consommation des produits ultra-transformés.
Près de 40 % de leurs calories totales
Et les résultats montrent qu’une forte proportion de personnes excluant les produits animaux de leur alimentation, consomme de grandes quantités de produits ultra-transformés. Les véganes et les végétariens consomment respectivement 39,5 % et 37 % de leurs calories totales sous la forme de produits ultra-transformés. Pour ceux qui mangent de la viande ou d’autres produits animaux, ce rapport stagne à 33 %.
« Nous constatons qu’il existe deux types de végétariens et de véganes, reprend Benjamin Allès. Il y a ceux qui mangent des produits frais, des légumes, des céréales, en clair, des aliments peu transformés. Leur alimentation est le plus souvent très saine, à condition cependant, pour les véganes d’enrichir leur régime alimentaire de vitamine B12 présente seulement dans les produits animaux. »
« Puis il y a les autres, poursuit l’expert, les végétariens et véganes qui mangent beaucoup de produits transformés. Ceux-là consomment le plus souvent en grande quantité des alternatives aux produits protéiques animaux, comme des substituts de viande de soja, des produits très transformés, parfois gras, très salés et pouvant avoir un impact néfaste pour la santé lorsqu’ils sont trop fréquemment consommés. »
Les plus jeunes sont les plus concernés
L’étude montre également que ceux qui mangent le plus de produits transformés, parmi les végétariens et les véganes, sont les plus jeunes, et les plus récemment convertis à ce type de régime. « Nous nous sommes aperçus que sur le long terme, il semblerait que les véganes et les végétariens se détournaient des produits transformés. »
Ces types de régime semblent se diffuser à tout type de population, poursuit le chercheur. « Les premiers travaux épidémiologiques rapportaient que les véganes et les végétariens présentaient plus souvent des niveaux d’études et des revenus supérieurs au reste de la population. Aujourd’hui, les études épidémiologiques basées sur NutriNet-Santé indiquent que si c’est encore le cas pour les végétariens, cela ne l’est plus pour les véganes que l’on retrouve un peu dans toutes les catégories de revenus et d’études. »
Il est possible de rejoindre la cohorte NutriNet-Santé en se connectant sur www.etude-nutrinet-sante.fr
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(1) L’Eren fait partie du Centre de recherche en épidémiologie et biostatistiques Sorbonne Paris Cité.