L’information étant relayée par nombre de médias nationaux, difficile d’ignorer que les éleveurs laitiers ont débuté hier soir un siège de l’usine Lactalis à Laval (Mayenne). Au rond-point du Zoom, des centaines de manifestants (plus de 400, selon les organisateurs) sont venus exprimer leur mécontentement contre le leader laitier mondial. Des livreurs à Lactalis donc, mais pas seulement : Sodiaal, Savencia ou Bel également… car pour le prix du lait, « on sait que c’est Lactalis qui donne le tempo », explique l’un d’eux. Des producteurs de porcs et de volailles ont également fait le déplacement « par solidarité ». Et même si l’appel à manifester émane de la FNSEA et JA, tous ne sont pas syndiqués. « On n’a pas l’habitude de venir aux manifestations, explique l’épouse d’un éleveur. Mais là, trop, c’est trop ! »

« Qu’ils partagent la valeur ajoutée »

Ce qui agace unanimement, c’est de constater que le géant mondial se porte bien et continue à investir. « Quand on voit qu’il se permet de racheter Graindorge… Chez nous, les investissements, c’est zéro. On est les dindons de la farce », commente l’un. « Le problème, c’est qu’il se sert de nous pour augmenter son capital, renchérit un autre. Ils peuvent gagner de l’argent, mais qu’ils partagent la valeur ajoutée ! »

 

Les coopératives ne sont pour autant pas épargnées. « Les investissements d’Agrial me coûtent 3,50 €/1 000 l, constate un jeune agriculteur installé depuis quatre ans. Les coops n’ont pas ralenti leur train de vie non plus. » Collectés par des laiteries privées ou coopératives, tous sont là pour une revalorisation de leur lait.

Des prix et de la reconnaissance attendus

« Si Lactalis augmente son prix, les autres vont suivre », espère un livreur à Sodiaal, ayant touché 251 €/1 000 l le mois dernier, avec 30 % de son volume payé au prix B. « Au mieux on obtiendra à peine 10 €, alors qu’il nous en faut 100 », se désole un autre, moins optimiste.

Tous ne sont pas venus uniquement pour le prix. « J’attends une prise de conscience de Monsieur Besnier, et de la société aussi. Est-ce qu’ils veulent encore des produits français de qualité ? », questionne Sandrine, éleveuse livrant à Lactalis.

 

Dans les discours des représentants syndicaux, les souvenirs des manifestations de 2015 ressurgissent. Cette fois-ci, « il ne faut pas céder, scandait Philippe Jehan, président de la FDSEA de la Mayenne, lors de sa prise de parole hier soir. Plus aucun camion ne sortira de l’usine tant que l’on n’a pas gagné ! » Et tous les éleveurs continueront d’être collectés, il l’assure. Cette inquiétude est compréhensible quand on connaît les précédents agissements du groupe Lactalis (voir encadré ci-dessous). Les agriculteurs de la Bretagne, des Pays de la Loire, de la Normandie, des Hauts-de-France et même du Grand Est ont prévu de se relayer pour tenir le siège devant l’usine, et ce jusqu’à atteindre leurs objectifs.

 

 

 

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