Quand Xavier Poisson part à la chasse, il emmène bien sûr ses chiens, cinq teckels qui n’attendent que ça. Mais il emporte aussi des pelles, une pioche et une barre à mine. Bref, tout ce qu’il faut pour creuser. À quarante-six ans, ce Sarthois passionné d’agroforesterie est veneur sous terre. Peu connue, pour ne pas dire confidentielle, cette pratique cynégétique consiste à capturer les animaux directement dans leur terrier. Xavier chasse ainsi le renard et le blaireau.
Une école de patience
« C’est très physique », explique l’éleveur de volailles et de poules pondeuses de Loué, installé à Congé-sur-Orne, dans la Sarthe. « Pour le blaireau, on peut descendre jusqu’à 4 mètres. Il faut savoir écouter ses chiens, leur faire confiance, faire preuve également d’une grande patience. »
Car avant de creuser, il convient de repérer l’animal, de l’amener – avec l’aide de la meute – à l’accul, le fond d’une voie sans issue. Et cela peut durer longtemps. « Au blaireau, dix à douze heures, ce n’est pas rare, confie l’agriculteur. Il m’est arrivé de rester vingt et une heures au pied du terrier d’un renard. Ce jour-là, j’ai dormi sur place. »
Comme la chasse au bois ou en plaine, la vénerie sous terre est encadrée par des dates d’ouverture et de fermeture : du 15 mai au 15 janvier pour le blaireau. Durant cette période, Xavier sort en moyenne une dizaine de fois. Comme pour le renard, il intervient à la demande d’un propriétaire, d’un agriculteur ou de la Fédération des chasseurs. « Je suis appelé quand il y a trop de dégâts quelque part, explique-t-il. Mon rôle est de réguler des excès. »
La technique se transmet oralement, par l’échange. L’éleveur l’a apprise de Claude, un ami chasseur, aujourd’hui sexagénaire. « Mon grand-père maternel était également veneur sous terre, mais il est décédé quand j’étais tout petit », dit-il.
Séculaire, cette activité se pratique à plusieurs. Xavier chasse avec sa femme, leurs trois enfants, âgés de 22, 20 et 17 ans, et un ami. Ensemble – teckels compris –, ils forment l’équipage Le Rallye de la Davière, du nom de l’exploitation agricole. Cette année, ils ne devraient pas manquer de travail : « Avec le premier confinement, il n’y a pas eu d’interventions au printemps 2020. Or, les populations ont augmenté. »
Anne Mabire
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