La sécheresse du printemps pendant la montaison des céréales aura été salutaire pour la pression des maladies. En 2017, Arvalis estime leur nuisibilité à 12,4 q/ha, contre 17,2 q/ha en moyenne pluriannuelle. Conséquence : de nombreuses impasses de traitements en T1 et T3. L’utilisation des triazoles a baissé de 20 %, alors que celle des SDHI en T2 est restée stable. « Le nombre moyen de traitements...
La sécheresse du printemps pendant la montaison des céréales aura été salutaire pour la pression des maladies. En 2017, Arvalis estime leur nuisibilité à 12,4 q/ha, contre 17,2 q/ha en moyenne pluriannuelle. Conséquence : de nombreuses impasses de traitements en T1 et T3. L’utilisation des triazoles a baissé de 20 %, alors que celle des SDHI en T2 est restée stable. « Le nombre moyen de traitements passe sur blé tendre de 2,5 en 2016 à 2,1 en 2017, et la somme consacrée à la protection fongicide diminue logiquement de 84 à 70 €/ha », évalue Arvalis.
Pourtant, malgré la faible pression des maladies, les résistances progressent. Au total, près d’une souche de septoriose sur deux en France est moyennement ou fortement résistante aux triazoles. En outre, l’utilisation accrue de ces fongicides exerce des pressions de sélection et influence l’efficacité des triazoles (lire p. 48). « Si l’on souhaite préserver leur activité et bénéficier du regain d’intérêt du metconazole et du tébuconazole, il est recommandé de ne les utiliser qu’une seule fois par campagne, en diversifiant les substances actives, insiste Arvalis. Plus simplement, ne jamais utiliser deux fois la même molécule (hors multisite) par saison. »
Même combat du côté des SDHI. La résistance identifiée en 2012 est confirmée en France pour la deuxième année consécutive. Là aussi, Arvalis recommande de limiter l’utilisation des SDHI à un seul passage par saison et de les associer systématiquement à d’autres modes d’action (triazole, multisite…). Lorsque cela est possible, il faut préférer une association triple du type triazole + SDHI + chlorothalonil aux associations doubles triazoles + SDHI. En effet, « le chlorothalonil a démontré sa capacité à ralentir la sélection de souches de type MDR », précise Arvalis.
Miser sur la tolérance variétale
La meilleure façon de lutter contre les résistances reste de choisir ses variétés selon leur profil de sensibilité aux maladies et d’adapter ensuite son programme à ces variétés. Dans la situation à faible pression de 2017, Marie-Monique Bodilis, d’Arvalis, observe qu’entre des variétés sensibles à la septoriose et d’autres tolérantes, « la dépense optimale du programme fongicide passe de 80 à 35 €/ha, soit un enjeu de 45 €/ha. »
Selon l’évaluation des risques liés à la parcelle et au couple zone/variété, l’institut technique propose, pour chaque région, plusieurs programmes précis à trouver sur les guides de préconisation « Choisir » disponibles sur le site www.arvalis-infos.fr. Selon des essais pluriannuels, pour une nuisibilité de la septoriose et de la rouille brune attendue de 20 q/ha, avec un prix moyen du blé de 14,5 €/q, Arvalis compte que la dépense idéale théorique serait de 67 €/ha. Cette enveloppe est une moyenne et doit être adaptée à chaque contexte. Elle sera ajustée au cours de la campagne selon la pression maladie.
Néanmoins, quelle que soit la région, Arvalis donne des repères de construction de programme de protection des blés tendres pour 2018, sachant que les résultats d’essais (lire p. 50) donnent des indications sur l’efficacité des produits.
Une à trois applications
Le programme défini peut donc s’établir sur un, deux ou trois traitements, à adapter selon la pression.
En T0 (épi 1 cm), le traitement est à envisager uniquement contre la rouille jaune. Les produits à base de triazoles présentent une efficacité très satisfaisante. Ils peuvent être complétés éventuellement par une strobilurine. « Plus que le produit, c’est le délai entre deux interventions qui est important, explique l’institut. Avec une pression comme celle observée en 2014, les produits ne dépassaient pas vingt jours de protection. Une enveloppe de 20 €/ha est suffisante pour ralentir la progression de la maladie en début de cycle. »
En T1 (1 à 2 nœuds), les triazoles sont proposées de préférence associées à du chlorothalonil pour renforcer leur efficacité sur septoriose. Par ailleurs, le chlorothalonil, fongicide à action multisite, présente un risque de résistance limité.
Sur piétin verse, l’utilisation de variétés résistantes est préconisée. Toutefois, si un traitement s’avérait vraiment nécessaire, l’association de métrafénone et de cyprodinil semble, pour Arvalis, la solution la mieux adaptée.
En T2 (du stade dernière feuille au stade début épiaison), les SDHI et/ou les strobilurines trouvent leur place, en complément des triazoles.
Sur septoriose, dans les régions au nord de Paris où les souches TriMR évoluées et MDR sont les plus fréquentes, un second chlorothalonil au T2 est possible en complément de certaines SDHI (bixafen, penthiopyrade, benzovindiflupyr), à condition que le T1 à base de chlorothalonil soit bien positionné et que le délai entre le T1 et le T2 ne dépasse pas 21 jours. Pour les régions de la bordure atlantique et le Sud-Ouest, Arvalis conseille l’utilisation de prochloraze, qui renforce l’efficacité des triazoles et constitue une alternative aux SDHI en T2.
Enfin, pour les régions et les variétés où la rouille brune constitue la préoccupation majeure, parce que très difficile à contrôler, l’adjonction d’une strobilurine de 0,2 à 0,3 l/ha est proposée, sauf dans le cas d’une spécialité à base de benzovindiflupyr, comme Elatus Era ou Elatus Plus.
En T3 (début floraison), Arvalis prévient que dans toutes les situations où le risque fusariose est avéré alors que l’objectif de qualité sanitaire est prioritaire, il faut éviter d’utiliser de l’azoxystrobine ou de la picoxystrobine. Il vaut mieux miser sur une triazole antifusarium seul (prothioconazole, tébuconazole, metconazole, bromuconazole) ou éventuellement Swing Gold ou Fandango S. En effet, les derniers résultats montrent que les effets négatifs des strobilurines observés sur la qualité sanitaire étaient peu marqués, voire absents avec la dimoxystrobine et la fluoxastrobine (matières actives composant Swing Gold et Fandango S).