L’homme vient de l’Est, son accent alsacien ne laisse aucun doute. Denis Digel est maraîcher sur la commune de Sélestat (Bas-Rhin). Il y exploite 12 ha avec son épouse et cinq salariés. Il commercialise sa production entre grande distribution et vente directe. « Historiquement, Sélestat est un bassin de maraîchage. La première trace de la corporation religieuse maraîchère remonte à 1136 », raconte...
L’homme vient de l’Est, son accent alsacien ne laisse aucun doute. Denis Digel est maraîcher sur la commune de Sélestat (Bas-Rhin). Il y exploite 12 ha avec son épouse et cinq salariés. Il commercialise sa production entre grande distribution et vente directe. « Historiquement, Sélestat est un bassin de maraîchage. La première trace de la corporation religieuse maraîchère remonte à 1136 », raconte l’agriculteur, passionné par l’histoire de sa commune.
Cette passion, il la vit à travers son poste d’élu municipal. La mairie représente l’une de ses multiples casquettes car Denis Digel, de ses propres mots, « n’arrête jamais ». L’agriculteur est aussi président de sa coopérative maraîchère, élu à la FRSEA de l’Alsace et à la chambre d’agriculture et président du magasin de producteur « Cœur paysan ».
Cet homme pressé l’assure, c’est grâce à ses engagements, notamment syndical, que des producteurs lui ont fait confiance pour le suivre dans l’aventure du magasin installé dans un ancien Lidl. « C’est une formidable aventure humaine, entre nous, l’esprit collectif prédomine », raconte le maraîcher.
Une opportunité à ne pas manquer
Pour sa première année, « Cœur paysan » a atteint l’objectif fixé des 2,4 millions d’euros de chiffre d’affaires. « C’est bien parti », se réjouit l’Alsacien, même s’il ne compte pas s’arrêter là. « On a noué un partenariat avec un producteur d’abricots du Lot-et-Garonne », raconte Denis Digel. Aujourd’hui, il avoue l’appeler une fois par mois pour prendre des nouvelles.
La proximité entre le consommateur et le producteur, Denis Digel y croit dur comme fer. « Dans les années soixante-dix, il y avait un créneau mais les agriculteurs n’ont pas bougé et la grande distribution a pris la place. Aujourd’hui, il y a une nouvelle opportunité, il ne faut pas la louper », explique le maraîcher.
Son analyse, il la base sur un concept : « Le consommateur a besoin de savoir qui produit, avant de savoir comment c’est produit. » C’est le premier pilier du magasin Cœur Paysan. Le second repose sur l’apport de capitaux par les producteurs pour monter la structure. D’ailleurs, il entend bien exporter le concept.
Nouvelle preuve que l’homme ne manque pas d’énergie, il a mis en place une structure, avec un architecte et d’autres partenaires, pour répondre à de futurs projets de magasins. « Je peux apporter le conseil mais pas les capitaux. C’est aux paysans du territoire de le faire », martèle-t-il, fidèle à ses convictions. La seule chose qui lui fait peur aujourd’hui, c’est de ne plus avoir le temps d’exercer son métier : maraîcher.