Dans un contexte économique tendu, les sécheresses récurrentes mettent en cause les systèmes allaitants de Saône-et-Loire.
Au Gaec de Maringues, près de Bourbon-Lancy en Saône-et-Loire, il n’est tombé que 230 mm d’eau depuis le 1er janvier. Malgré les surfaces supplémentaires récoltées ce printemps, Baptiste et Vincent Lamborot ont dû acheter 750 tonnes de maïs sur pied et 450 tonnes de paille. Une lourde facture qui pèsera sur les comptes de l’exploitation, qui compte 220 charolaises sur 326 ha, avec tous les animaux engraissé...
Contenu réservé aux abonnés de La France Agricole
23%
Vous avez parcouru 23% de l'article
Poursuivez la lecture de cet article
en profitant d’1 mois de découverte à La France Agricole
(Offre sans engagement, réservée aux personnes non abonnées)
Au Gaec de Maringues, près de Bourbon-Lancy en Saône-et-Loire, il n’est tombé que 230 mm d’eau depuis le 1er janvier. Malgré les surfaces supplémentaires récoltées ce printemps, Baptiste et Vincent Lamborot ont dû acheter 750 tonnes de maïs sur pied et 450 tonnes de paille. Une lourde facture qui pèsera sur les comptes de l’exploitation, qui compte 220 charolaises sur 326 ha, avec tous les animaux engraissés.
Plus de marge de manœuvre
« C’est un contexte extrêmement difficile », pointe Frédéric Borne, élu à la chambre d’agriculture de Saône-et-Loire. Récurrentes depuis 2009, les sécheresses sont d’autant plus difficiles à vivre que le revenu des éleveurs, en baisse constante depuis vingt ans, ne laisse plus de marge de manœuvre. Il était de 9 000 € par UTAF (1) en 2018, selon Cerfrance Bourgogne.
Le potentiel de production diminue : au cours des dix dernières années, la Saône-et-Loire a perdu 66 500 bovins, soit 10 % de ses effectifs. À noter que la Nièvre connaît une évolution identique. Et pour la première fois dans ce grand département d’élevage allaitant, les naissances sont passées sous la barre des 200 000.
Transmission des exploitations
Dans ce climat morose, où 35 % des agriculteurs étaient considérés en juin dernier en risque d’épuisement professionnel (2), la chambre d’agriculture lance une étude sur le devenir des exploitations allaitantes, canton par canton. Alors que celles-ci se sont spécialisées et agrandies (80-100 vaches par UMO), sept vaches sur dix sont aux mains d’éleveurs de plus de 52 ans.
Accablés par l’agribashing et déstabilisés par des signaux politiques contradictoires, des éleveurs de moins de 50 ans arrêtent le métier ou parlent de le quitter. « Une cessation sur deux est liée à un changement d’activité, note Frédéric Borne. Jusqu’à présent, les hectares trouvaient preneurs. Mais avec de moins en moins d’enfants d’éleveurs intéressés, des hors-cadres familiaux sans finances et des banques de plus en plus frileuses, notre modèle a-t-il un avenir ? Et à quelles conditions ? »
Anne Bréhier
(1) Unité de travailleur agricole familial. (2) Selon l’observatoire de la santé des agriculteurs.